rapport2011 - Mission locale de Schaerbeek
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Privilégier le partenariat avec les entreprises Trois travailleuses de la Milocs ont plus particulièrement pour tâche de créer et d’entretenir des liens avec les entrepreneurs. P.6 Précarité, pauvreté et revenus Philippe Defeyt nous livre ses réflexions de terrain. P.3 Les DEI sur Schaerbeek en 2011 Une charte Milocs Pour préciser nos engagements, nos valeurs, et nos missions. P.5 STEP STEP BY TPE: Engager? Oui mais… à quel prix? Depuis quelques mois, plu‐ sieurs pe/ts restos (bios ou non) ont fleuri aux alentours de la Mai‐ son de l’em‐ ploi, réussis‐ sant le pari de se faire une place parmi les Pizzas, Pitas, Durums et autres snacks qui jusque là régnaient en maîtres du “temps de midi”. Clients de la première heure nous avons essuyé les plâtres des débuts chao/ques, fait les frais de certaines at‐ tentes intermi‐ nables et par‐ fois, grimacé devant un plat (devenu) froid. Mais, à tous les coups, bonne volonté et envie de bien faire l’ont emporté. “Namasthé”, “Les trouvailles de Louise”, “The place to”, “l’ilot des saveurs”, “le Bar du Gaspi”, “A la maison” et, pe/t dernier, “100 papiers” autant de re‐ fuges singuliers, où bien man‐ ger et bien boire sont pré‐ textes à de chaleureuses ren‐ contres. Step by step a rencontré cer‐ tains de ces “très pe/ts entre‐ preneurs» et rend compte compte des sen/ments (par‐ fois mi/gés) et des intérroga‐ /ons que l’expérience suscite chez chacun d’eux. ▼ Lire en page 6, 7 et 8 RAPPORT 2010 M I S S I O N P A S O3 5 41389 10 43 À P A S D E V E R S S C H A E R B E E K L ’ E M P L O I CONTRATS PRÉCAIRES QUI SONT LES PIGEONS? Après les thèmes de la motivation et de l’urgence, nous avons choisi cette année celui de la précarité, de la tendance à la flexibilité subie par tous, et plus particulièrement par les jeunes entrants dans le monde du travail, qu’ils soient qualifiés ou non. U n rapport d’activité est l’occasion de faire le point sur les actions d’une année, sur l’impact de celles-ci sur les bénéficiaires et d’en analyser les résultats. Ceci étant, le contexte socioéconomique dans lequel les ac- tions s’inscrivent influence considérablement la contingence du travail de terrain et les conditions de réussite des projets. Aussi nous semble-t-il important de choisir, comme chaque année, une fenêtre, un point de vue, pour la présentation de ce rapport. Chaque période s’inscrit dans un paradigme, un modèle de pensées. Celui des “golden years” (1945-1972) s’axait sur le partage des gains de productivité entre les acteurs économiques et sur la sécurité au travail au travers des mécanismes de protections so- ciale et juridique. Durant cette période, déjà lointaine, la transcription juridique de cette sécurité passait par le contrat de travail à durée indéterminée et à temps plein, par la promotion sociale et par l’existence de la carrière professionnelle. Un travail- leur pouvait entrer dans une entreprise dès la fin de sa scolarité obligatoire (14 ans), se former au métier avec ses pairs, évoluer dans l’échelle hiérarchique en s’inscrivant au cours du soir. De par la prépondérance de ce CDI à temps plein, le droit du travail le consacrait tant dans les relations au travail que dans l’accès à la sécurité sociale. Aujourd’hui, et depuis une trentaine d’années, le CDI à temps plein est mis à mal par les difficultés économiques bien sûr mais aussi, et centralement par les nouvelles méthodes de management qui consacrent la flexibilité et l’adaptabilité comme valeurs premières du travail. C’est à un effritement du droit social que l’on assiste actuellement. Au paradigme des années 45-72 succède un autre modèle de pensée tournant autour du CDD, des contrats à temps partiel, de l’alternance emploi/chômage, des COMMUNE DE SCHAERBEEK Légère embellie sur le front de l’emploi Jobs étudiants: Quotas explosés! A la Mission Locale de Schaer‐ beek, notre conseillère pour les jobs étudiants, Elmas Demir a explosé tous les quotas de mise à l’emploi en 2011 ! N’hé‐ sitez plus à vous faire accom‐ pagner, job étudiant assuré (ou presque) ! Au total, sur l’ensemble des Missions locales par/cipant au projet job étudiants, 606 jeunes dont la moyenne d’âge est de 19,5 ans (dont une ma‐ jorité de femmes) ont eu re‐ cours à ce disposi/f. La plupart des étudiants étant reçus en entre/en individuel, cela a eu pour effet de limiter la capacité d’accueil. Cepen‐ dant pour la moi/é d’entre eux, les entre/ens ont abou/ à un job étudiant. Le taux de mise à l’emploi est en hausse de 2 % par rapport à l’année passée, gageons que cela con/nue en 2012 ! ■ L O C A L E ntre 1991 et 2011, en Région bruxelloise, le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés (DEI) est passé de 57.200 à 106.506 personnes ce qui représente une augmentation de près de 53, 71 % en 20 ans. La réalité n’est pas autre à Schaerbeek, ni plus ni moins que dans les autres communes. Le pourcentage d’accroissement est quasi le même que dans la Région Bruxelles-Capitale, soit 53,62%. Cela signifie que 14.104 personnes étaient en situation d’inoccupation professionnelle, alors qu’elles étaient 7.562 en 1991. Devant l’importance de la problématique du chômage, il peut être intéressant de constater une légère embellie pour les habitants de notre commune. En effet, Schaer- E Personne ne peut se réjouir de la situation du chômage dans les communes du pays comme dans la Région bruxelloise et la situation particulière de la commune de Schaerbeek n’échappe pas à un taux de chômage important. beek est une des rares communes bruxelloises à voir le nombre de chômeurs en légère diminution depuis 2010. Le nombre absolu de demandeurs d’emploi peut également s’exprimer en taux de chômage, c’est-à-dire en rapportant le nombre de DEI (demandeurs d’emploi inoccupés) sur la population active. Cette représentation nous amène à constater que Schaerbeek a un taux de chômage plus élevé que la moyenne régionale mais inférieur à Molenbeek, Saint-Josse-tenNoode et Saint-Gilles. En 2011, le taux schaerbeekois était de 24,0 % tandis que le taux de chômage au niveau de la Région de Bruxelles-Capitale était de 20,4 %. Heureusement, cette différence, interpellante, est en baisse constante. La différence représentait 5,6 % en 1998 et descendant en-dessous de 5 % de 2007. La différence actuelle est de 3,6 %. Certes ces différences contrats subventionnés précaires, du recours à la sous-traitance, de la qualification initiale et professionnelle préalable prise en charge par les pouvoirs publics, supportés par les parents et de laquelle l’entreprise se désinvestit. Ne parlons évidemment pas de l’idée de se construire une carrière professionnelle! A quel échelon barémique et donc salarial se situe un travailleur qui en est à sa xième expérience, passant d’un interim à un stage, enchaînant avec un CDD, puis un autre,…? Comment construire une revendication syndicale avec des travailleurs précaires? Pourtant, vu sous l’angle de l’individualisme de notre époque, comment pourrions-nous jeter l’opprobre sur l’entrepreneur qui construit son business model sur des coûts variables (la flexibilité dans la gestion salariale) et rejette Suite en page 2 sont extrêmement réduites. Elles témoignent cependant d’une amélioration de la situation socioéconomique locale. Gageons que le “Plan communal pour l’emploi” et les organismes qui le mettent en œuvre impulsent une dynamique positive après les quelques années de mise en place. C’est un réseau d’organismes qui composent la “Coupole emploi” et qui s’articulent pour développer des synergies en vue d’améliorer leur efficacité. Bravo à ces acteurs, et particulièrement à la Mission locale de Schaerbeek en charge de la coordination qui vous propose comme chaque année son rapport d’activité. Mais surtout bravo à toutes les personnes motivées qui s’inscrivent dans un parcours vers l’emploi, dans une dynamique de construction d’un projet professionnel, voire dans un nouveau métier. Et vous êtes nombreux. Le développement de la Région, et partant de la Commune, a besoin de toutes les forces positives. Vous en faites partie et je vous félicite. Etienne Noël, Président de la Mission locale et Echevin de l’emploi 2 Epinglé STEP BY STEP Mission locale de Schaerbeek I 2011 Suite de la page 1 les risques des couts fixes (le CDI)! Prise isolement cette réflexion n’est pas scandaleuse. Vous le lirez dans les pages qui suivent (p.6, 7 et 8), les entrepreneurs des très petites entreprises (TPE) que nous avons questionnés sont confrontés à des risques économiques importants. L’engagement de salariés, même et peut-être surtout le premier contrat, est toujours un moment de fragilisation et l’impact économique doit être finement étudié. C’est le recours à la flexibilité et à la précarisation du contrat de travail en tant que système qui nous inquiète parce que les demandeurs d’emploi se retrouvent alors isolés, bousculés et qu’ils éprouvent, malgré un éventuel contrat de travail, des difficultés économiques, qu’en découlent des questionnements sur le sens du travail qui risquent, dans certains cas, de mener à une rupture sociale. Le recours aux méthodes de flexibilité qui reportent sur la société et singulièrement sur la sécurité sociale, le coût des variations de la productivité mène depuis 1975 à un chômage de masse. L’individualisme appliqué au système travail et son corollaire, la recherche de profit à tout prix, mènent à la décollectivisation qui conduit, elle, à la fragilisation et donc à la précarité. Bonne lecture. ■ Marc Rents, Directeur de la Mission locale de Schaerbeek onsieur Defeyt, présentez-vous en deux mots. Depuis combien de temps êtes-vous en fonction au Cpas de Namur? Economiste de formation, j’ai un parcours varié mais qui a toujours gravité autour de deux pôles : l’engagement politique et les activités académiques. A l’heure actuelle, mon mandat politique est la présidence du Cpas de Namur et j’ai également la chance d’être membre du comité directeur de la fédération des Cpas wallons. Cette position me permet de mener des actions sociales et de faire le lien entre le monde de la recherche et le terrain. Dans les deux sens d’ailleurs: le terrain doit faire remonter des éléments pour ceux qui ont l’ambition de réfléchir et à l’inverse, le terrain doit pouvoir bénéficier de ce qu’on peut réfléchir de manière plus théorique. M Pouvez-vous nous présenter le Cpas de Namur ainsi que ses projets en cours et à venir? Je rappelle que les Cpas ont un objectif général qui conformément à loi est de "permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine”. Pour aboutir à ce résultat les Cpas disposent de trois moyens: le revenu d’intégration sociale (RI), l’insertion socioprofessionnelle et toute une panoplie d’aides financières ou en nature. Le revenu d’intégration est hyper balisé par le droit et demande énormément de moyens humains et financiers. L’Isp travaille sur le fait d’avoir un emploi et enfin nous prenons en compte le fait que de nombreuses personnes (aidées ou non par un cpas) ont des problèmes pour payer leurs factures de soins de santé même si l'Inami rembourse beaucoup, c’est encourager les jeunes à reprendre ou à entamer des études, c’est aider une mère P résente-toi en deux lignes. Je m’appelle Zohra El Azzouzi, je travaille à l’accueil de la Mission locale depuis le mois de juin 2011. J’ai été engagée par le Cpas dans le cadre de l’Article 60. Je cherchais du travail. Je ne savais pas exactement ce qu’ “Article 60” voulait dire, on m’a expliqué, cela m’a intéressée et j’ai foncé. Depuis quand es-tu au Cpas? Je suis au Cpas depuis 2007. Je travaillais comme indépendante dans le secteur du nettoyage, la société a fait faillite. Que signifie “travailler” pour toi? Travailler c’est ne pas rester à la maison, c’est bouger, faire de nouvelles rencontres, apprendre. Le fait de me réveiller le matin et de me dire: “Je vais prendre une douche, me préparer et aller travailler” cela change tout. Comment et pourquoi as-tu postulé à la Milocs. C’était une offre d’emploi. Je me suis dit pourquoi pas, j’essaye. Ayant toujours travaillé pour moi-même c’était difficile de postuler. Combien de temps as-tu cherché du travail avant d’obtenir le poste que tu occupes aujourd’hui? Je me suis inscrite à l’Isp du Cpas en janvier 2011, cela m’a donc pris six ou sept mois. Je me rendais trois jours par semaine à la table emploi; chaque fois que je pouvais, j’y allais. La première of- TÉMOIGNAGE “C’est comme si j’avais des droits en plus” Même soucieuses ou fatiguées, elles vous accueilleront toujours avec gentillessse. Elles sont la première impression que vous garderez de la Maison de l’emploi et savent ce qu’un sourire peut changer. Après Dina Leventacos (notre édition précédente) c’est au tour de Zohra de nous faire part de son parcours. fre d’emploi émanait du Cpas, la seconde, un mois après, de la Milocs. Je ne savais pas ce qu’était la “Mission locale” et faisais donc partie de ceux qui mélangent les activités d’Actiris et de la Mission locale. Je peux maintenant expliquer le fonctionnement de la Milocs aux gens de l’extérieur parce que je les connais de l’intérieur. Tu dis donc que ce n’est pas un contrat comme les autres et que tu avais peur d’être confrontée à de la discrimination. Oui tout à fait. J’avais peur d’être traitée différemment, pas intégrée. Ici je travaille, c’est tout. Si je ne dis pas que je suis “Article 60” ça ne se voit pas, ça ne se sent pas. Pendant cette période de recherche, tes exigences ont-elles changé? Non. Pas du tout. Comme je l’ai dit, je n’ai aucune qualification. Les avantages de ce type de contrat? (dans ton cas, précisément) Encore une fois: me sortir de la routine domestique. Ma sœur m’appelle : “Je ne te dérange pas, tu es au travail ?...”. Ca me fait un bien fou! C’est un truc qui m’a sorti de: “Ha oui, tu dors?”, “Ha oui, tu regardes la télé!”, franchement pas très valorisant… Il y a encore quelques mois, avant de pousser la porte du Cpas, je me cachais et laissais passer le tram pour ne pas risquer d’être reconnue de certains. Depuis leur arrivée en Belgique, aucun membre de ma famille n’a Décris précisément le type de contrat sous lequel tu as été engagée (horaires, CDD, CDI, interim, plan Activa, etc). Article 60. Temps plein d’un an parce que j’avais moins de 35 ans. C’est mon premier contrat de ce type. Peux-tu revenir sur les raisons qui t’ont fait accepter un travail sous ce type de contrat? C’est un tremplin pour sortir de Article 60, Zohra El Azzouzi occupe un poste à lʼaccueil de la Maison de lʼemploi. tout ce qui est chômage, Cpas, inactivité; c’est une expérience. Certains se plaignent de ce type de contrat, ne sont pas heureux et estiment être exploités. Je ne ressens pas ça du tout ici. Je me sens comme votre collègue. On se parle normalement, je pose des questions, on vient me confier des choses, on a confiance en moi, on me demande de l’aide et ça c’est un truc qui me fait plaisir. Aucune différence entre moi, “l’Article 60”, et les autres. Si l’on m’avait fait sentir une quelconque différence, me connaissant, j’aurais quitté le poste. RENCONTRE AVEC PHILIPPE DEFEYT ÉCONOMISTE ET PRÉSIDENT DE CPAS “Ne pas confondre précarité, pauvreté et revenus” célibataire en difficulté à payer les frais de scolarité de son enfant, etc. C'est ce que j’appelle un choix politique du Cpas: Les aider ou pas? Si oui, les aider en rencontrant 100 % de la demande ou une partie seulement? Tout ceci a un coût financier et humain et on constate sur le terrain que toutes les options existent. Les Cpas ont une marge de manœuvre sur les moyens qu’ils décident d’allouer à telle ou telle action et ils décident également des méthodes à appliquer. Les moyens les plus importants de l’Isp pour un Cpas sont les Articles 60. On parle des Art. 60, c'est bien mais il y a un coût ! L'an prochain dans le cadre des mesures budgétaires, nous savons que nous aurons moins de moyens en provenance du Fédéral pour mettre les gens au travail. Dès lors, se posera la question des choix budgétaires car compenser le manque de subsides ne pourra se faire qu’au détriment d’autres actions. Actuellement, il existe en plus une contrainte idéologique imposée par la société ou du moins par une partie d’elle: peu importe ce que font les gens, il faut qu'ils fassent quelque chose. Ceci étant, pour les Cpas, ce n'est pas une contrainte absolue: si on décide de réduire le nombre d’Articles 60 parce qu’il y a moins de sous, personne ne viendra nous en faire le reproche. Mais si nous ne donnons pas un RI à quelqu’un qui y a droit alors là le tribunal du travail s’il est saisi interviendra. N’oublions pas que le Cpas propose aussi des services ouverts à tous, du plus petit revenu au plus élevé (ex: repas à domicile) ; le Cpas signifie “Centre public d’action sociale”. Les politiques liées à l’emploi et au traitement du chômage ont des conséquences directes sur les Cpas. Pouvez-vous nous en dire un peu plus? Bien sûr! Mais rappelons que de tout temps, des personnes ont reçu des sanctions de l'ONEm; néanmoins le plan d’activation des chômeurs a augmenté de manière très sensible le nombre de personnes exclues ou suspendues du chômage. Seule, une partie de ces personnes se retrouvent dans les Cpas. Pour bénéficier d'une aide du Cpas, une enquête sociale est réalisée et cela dépendra des revenus de la personne sanctionnée et de ceux de son ménage. Donc on va éventuellement aider les personnes exclues ou suspendues mais lorsqu’elles n’ont pas d’autres revenus et qu’elles entrent dans les conditions pour obtenir une aide du Cpas. A Namur, ces personnes repré- sentent un peu moins de 10% des personnes qui perçoivent le RI, ce n'est donc pas marginal, c'est énorme! De plus, une disparité numéraire importante existe entre les petites communes et les grandes villes (Charleroi, Liège, Bruxelles). De plus en plus de “ “ Dans le débat sur la croissance, les limites sont d’abord humaines personnes viendront chercher un complément de revenus au Cpas, du fait qu’on leur rabotera une partie de leurs allocations de chômage. Les travailleurs pauvres sont également de plus en plus nombreux. Ce qui se passe actuellement est différent de la représentation habituelle du Cpas: le Cpas est aussi destiné à des personnes “activées” en manque de revenus compensatoires bien qu’ils travaillent et qui se tournent vers le Cpas. Il est également destiné aux travailleurs saisonniers ou intérimaires. Cette réalité va sans doute encore s'accentuer en plusieurs points. Concernant les jeunes, nous craignons la transformation du stage d'attente en stage d'insertion car cela pourrait engendrer une augmentation du nombre de jeunes dans nos services et pour des durées plus longues. Toute la difficulté est de savoir qui s'occupe vraiment de ces jeunes ! Si on les sait encadrés, en formation, nous serons soulagés de cette tâche. Il s’agit principalement d’un problème de moyens. Que vous inspire notre thème de rapport d’activités "Précarisation du statut du travailleur?". Vous avez écrit de nombreux articles sur la question. Quels sont vos constats ? Je pense qu’il est nécessaire de clarifier l’objet de notre propos: on ne peut pas confondre trois choses: pauvreté, précarité et revenus. A tous les petits revenus ne correspondent pas des personnes pauvres. Par exemple, une personne avec une petite pension peut être propriétaire, avoir une réserve financière et être tout à fait bien intégrée. A l'inverse des personnes ayant des revenus plus importants peuvent être surendettés. La pauvreté et les revenus sont toujours une photo, à un moment donné, c’est un rapport statistique de la réalité. Par contre, la précarité est une question de projection et de présent. Il s’agit du stress permanent lié à la survie au quotidien, cumulé à des craintes pour son avenir. Pourrais-je payer les frais de scolarité, que vont devenir mes enfants, quid des factures énergétiques en hiver. Ces craintes peuvent être justifiées ou non. En France, la moitié des Français craignent d'être un jour sdf … Par ailleurs, on retrouve des personnes en situation précaire suite à un accident de parcours: une séparation, un accident de voiture, une raison médicale... Et c'est l'implosion! Tout d'un coup, plus rien ne va ! Certaines personnes pauvres sont à certains égards moins précaires que d’autres car leurs revenus sont assurés. Mais plus on monte dans l'échelle des revenus, plus on multiplie les chances d'avoir un tissu de relations, une certaine épargne, des soutiens, on se laisse moins piéger par des contrats (téléphonie, énergie, etc.). Pour moi, il est clair qu’il existe une forme de déterminisme social. jamais été au chômage ou au Cpas et vis-à-vis de mes enfants, de mes proches, quel soulagement de pouvoir dire: “Je travaille!”. Qu’aimerais-tu améliorer dans ton contrat actuel? Augmenter les chances de suivre des formations. Le Cpas nous offre deux après-midis par semaine pour entrer en formation, mais trouver une formation qui me convienne (bureautique) juste deux après-midis par semaine, cela semble impossible! Il n’y a que les cours de langues qui le permettent. Les horaires et le fait que je ne possède pas le CESS me ferment certaines portes. Quelles sont tes perspectives après ce contrat? Une formation en bureautique, en accueil, Isp. Que t’enseigne cette expérience professionnelle? Que le travail c’est la vie. Le fait de travailler me pousse à dire et à faire des choses que je ne faisais pas avant, c’est comme si j’avais des droits en plus. Que signifie “contrat précaire” pour toi? Estimes-tu être dans ce cas? Un contrat qui s’arrête après un an, ça casse. Tu es dans un élan, et paf… Stop ! Bien sûr, tu le sais depuis le début, quand tu signes, mais quand même, c’est dur. Malgré tout, ce contrat m’a “sauvé la vie”, parce que je n’étais plus bien du tout. Quels constats concrets faitesvous par rapport au travail précaire? Est-il en augmentation? Quelque soit le revenu (et plutôt pour les petit revenus) et le développement de ce qu'on appelle la flexibilité du marché du travail, chez un certain nombre de personnes ces facteurs peuvent accroître la précarité. Avec un CDD, difficile de faire des plans sur la comète: quid des vacances? D’un crédit bancaire pour acheter une mobylette, une voiture, pour le plaisir ou pour aller travailler?, etc. La précarité n’est pas non plus vécue de la même manière selon le niveau socioprofessionnel; on pourrait dire qu’un certain nombre de personnes, à la lecture stricte de leur contrat, sont en situation précaire mais, ces petits contrats leur permettent de valoriser leurs compétences. Si un chercheur n'obtient pas une place stable, il sera sans doute moins précaire qu'un jeune moins bien formé, avec des contrats courts, intermittents, qui doit combiner des mi-temps et qui a peu ou pas de réseaux. De plus, aujourd'hui, les cellules familiales connaissent plus de changements qu'avant et cela représente un facteur supplémentaire de précarité, c'est sûr Avez-vous développé des indicateurs de précarité clairs ou objectifs? Je pense qu'on peut avoir des indicateurs directs ou indirects de précarité, mais il n’existe pas d’échelle de la précarité. Ceci étant, on peut par une série d'éclairages, se centrer sur des travailleurs qui sont potentiellement plus précaires que d'autres. Par exemple, on constate que les femmes travaillent plus souvent à temps partiel que les hommes, or si le ménage se sépare, ce qui est assez régulier, les femmes se re- Epinglé RÉCIT D’UN PARCOURS Quel métier rêvais-tu de faire? Journaliste. Mais, arrivés en Belgique, mes parents ont voulu me faire passer le jury central pour que j’entame des études d’infirmière. Moi je n’avais rien décidé; ce n’était pas mon truc. Ils avaient décidé pour moi et ça n’a donc pas marché. A quoi attribues-tu la différence entre ton rêve et le métier pour lequel tu as dernièrement postulé? La réalité. Une réalité que je me suis imposée après qu’ils aient voulu imposer la leur. J’ai choisi de quitter mes parents, de ne pas finir mes études, de me marier. Qu’est ce-que tu conseillerais à tes quatres enfants? D’étudier. C’est tout. Tu es employeur, pour quelles raisons proposerais-tu de signer un contrat similaire au tien? Pour ses avantages: aider la personne à se sortir d’une situation dont elle ne veut plus, à sortir du Cpas, à acquérir une expérience. C’est vrai que le Cpas m’a aidé pour beaucoup de choses, j’étais arrivée à un stade où je n’avais même pas un euro pour acheter un pain pour mes enfants. Quand on a le choix de s’en sortir, il faut foncer. Il faut laisser la place aux gens qui en ont vraiment besoin, quand on peut sortir du cycle chômage/ Cpas faut bouger. “Pas un jour sans…” Travailler ■ trouveront plus rapidement en situation difficile que les hommes. De plus, des secteurs qui proposent des petits salaires, proposent aussi des petits horaires. Par exemple, dans le secteur des titreservice: on retrouve des mitemps, des conditions de travail imposées, peu de choix horaires, etc. alors que dans le secteur bancaire, les travailleurs sont mieux payés, le temps partiel monte à 30h/semaine ou 4/5 temps de travail librement choisi. Vous parlez d'accident de parcours, de conditions de vie qui change etc... Vous vous situez à contre courant d'un discours qui véhicule des idées de "responsabilisation", "individualisation"? Plus j'avance dans ma réflexion, plus je me dis que nous avons bien sûr une responsabilité individuelle mais il y a quand même beaucoup de déterminisme, les gènes que vais porter à la naissance, le milieu familial, l'ambiance, les circonstances de la vie, etc. De nombreuses choses échappent finalement à notre responsabilité directe. Ce qui est de notre responsabilité collective et individuelle c'est d'essayer de corriger ces inégalités de départ mais je trouve qu'elles sont très présentes et insuffisamment combattues. L’idée anglo-saxonne, très libérale, qui consiste à dire : “il gagne beaucoup d'argent c’est qu’ il l'a mérité, il travaille pour” est vraie pour un certain nombre de personnes. A contrario, des travaux indiquent que cette capacité de travailler, d’avoir la santé physique et physiologique, n’est pas donnée à tout le monde. Sans verser dans un déterminisme social ou génétique absolu, je crois que notre position socio-économique de départ prend une place très importante, plus que ce qu'on ne croit. Accepter que je suis en STEP BY STEP Colonne libre Le temps suspendu d’un intérim PA R B A R B A R A PA U C H E T MEMBRE DE L’ÉQUIPE ISP DE LA MISSION LOCALE Dans sa palette de couleur, l’artiste créateur apporte sa touche personnelle qui le distinguera et le mettra en valeur; au détour d’une exposition, d’une rencontre et aussi d’une halte intéressante à la Mission Locale, voici le récit d’un demandeur d’emploi qui a valorisé ses talents d’infographiste pendant 5 mois. P résentez-vous en 2 lignes. Rodrigue L, j’ai 39 ans, je suis sans emploi depuis 2007. D’abord vendeur, je me suis réorienté en suivant des formations d’infographiste ; des études artistiques m’ont permis de me relancer dans ce domaine. Célibataire sans enfant, je ne possède pas de permis de conduire mais aimerais le passer. Mes loisirs sont faits de sortie avec des amis (cinéma, expos, activités artistiques), de lectures liées à l’art et à l’infographie, etc. Que signifie “travailler” pour vous? Réaliser un objectif, m’épanouir dans un domaine que j’aime. A chaque fois, c’est un renouvellement, un challenge (surtout dans le domaine artistique). De plus, travailler me permet de ne pas tourner en rond. Comment et pourquoi avezvous postulé à la Stib ? J’ai trouvé une annonce dans le journal Le soir-référence.be et partie déterminé par mon capital génétique et les conditions dans lesquelles je vis pendant ma petite enfance, est une idée qui déplaît. Votre avis sur l’Article 60, précaire ou pas? Contrairement à l'idéologie dominante, l'Isp en elle même ne suffit pas pour garantir d'autres formes d'insertion. Bénéficier d'un Art. 60 n’implique pas nécessairement, comme par miracle, d’autres formes d’insertion sociale. Un jeune travailleur peut bénéficier d’un Art.60 mais se retrouver pas seul le soir dans son une autre sur internet, il s’agissait d’un intérim et d’un CDI. La première annonce était un poste via Daoust et ce n’est qu’à l’entretien que j’ai appris que l’employeur était la Stib. Pour le CDI, ils exigeaient une connaissance approfondie du néerlandais, à laquelle je ne pouvais pas prétendre. changé par rapport, au contrat (CDD, mi-temps), au salaire (à la baisse), à la proximité (du lieu de travail par rapport au domicile),… ? Mon objectif de départ était de trouver un CDI temps plein. Au vu du peu de réponses, je me suis mis à douter de jamais trouver du Pour quel poste postuliez-vous à la base? Je cherchais un emploi lié à l’infographie, au sens large du terme car ce domaine d’activité est étendu. Durant combien de temps avezvous cherché du travail avant d’obtenir le poste que vous occupez aujourd’hui? J’ai cherché pendant 5 mois, à raison de 10 à 20 envois de candidatures par mois, spontanées et en réponse à des offres. Pendant cette période de recherche, vos exigences ont-elles logement. Concernant les jeunes, beaucoup d’entre eux sont sans circuit, sans réseau or c'est important pour trouver sa place dans la société. Pour moi, c'est une première remarque, essentielle. La voie de l'emploi reste une voie royale d'insertion, mais certainement pas suffisante et d'autant moins suffisante qu'on a affaire à des personnes qui ont connu des parcours difficiles chaotiques qui n'ont pas nécessairement réussi à se doter de toutes les compétences nécessaires. Ensuite, quand je suis arrivé ici, comme président de Cpas, j'avais comme d'autres un Philippe Defeyt, économiste, président du Cpas de Namur. boulot. J’ai commencé par diminuer mes exigences en terme de mobilité, j’ai été prêt à accepter un boulot en dehors de Bruxelles, quitte à me déplacer jusqu’à Liège (si l’offre des transports publics le permettait). Par ailleurs, certaines de mes candidatures n’ont pas été retenues car je ne maîtrise pas suffisamment le néerlandais. En terme de timing, j’avoue ne jamais y avoir réfléchi (weekend?, soir?, etc.) mais je préfèrerais être moins bien payé et travailler temps plein plutôt que mi-temps, ou alors il faudrait changer les droits des contrats mitemps! Suite en page 4 avis assez critique sur l’Art. 60. Mon point de vue a quelque peu évolué. C'est vrai que le taux d'insertion durable1 n'est pas extraordinairement élevé et les personnes en marge de ce taux peuvent le vivre comme un échec: "On m'a fait miroiter quelque chose et on me l'a enlevé tout de suite après". Soyons réaliste, dans un certain nombre de cas, c'est envoyer les personnes au casse pipe car, après une période de chômage on les retrouvera au Cpas car elles auront été suspendues ou exclues, le circuit infernal! Il ne faut pas lire la réalité au travers de situations qui statistiquement restent peu nombreuses mais ces situations sont illustratives, pour un certain nombre de personnes de l’incapacité à assurer un type d'insertion durable. Selon votre grille de lecture, à quels facteurs imputez-vous ce phénomène de précarisation ? Les causes s'entrechoquent. Premièrement, le fait, de manière objective, que beaucoup d'emplois sont inaccessibles à des personnes qui ont peu d'atouts en main. Cela ne signifie pas seulement avoir des qualifications ou un diplôme dans un secteur en pénurie, cela signifie aussi avoir un bon réseau familial, du soutien affectif, être capable de résister au rythme de travail, aux contraintes de productivité, etc. Aujourd'hui, les gens ne sont pas devenus plus bêtes mais les exigences sont tellement fortes qu’objectivement, un certain nombre de personnes ne savent plus suivre. Dans le débat sur la croissance, les limites sont d'abord humaines. On a fabriqué un monde dans lequel certains n'ont pas de place, parce que cela est hors de portée. Tant qu’on ne tirera pas de conclusions de ces constats, je pense qu’on se trom- 3 pera sur les politiques d'insertion: les gens ne trouveront plus leur place. Et j’insiste, ce n’est pas qu'ils sont bêtes, méchants, fainéants, ce n’est pas la raison fondamentale, c'est une question d'adéquation avec ce que sont vraiment les gens: les gens sont variés et n'ont pas tous les mêmes atouts. Que peut proposer la société comme forme d'insertion pour chacun d’eux ? Et le travail en réseau ? Ah oui, ça c'est sûr, il n'y a plus personne, ni en Wallonie ni à Bruxelles qui ne travaille en réseau. Celui des Cpas par définition, c'est essentiellement l'associatif au sens très large, toutes les formes d'associations depuis l'accueil des personnes étrangères, l'alpha, l'apprentissage de la langue, les EFT, les OISP, etc. Au-delà du carnet d'adresse et du réseau, il y a des projets de collaboration très concrets. Dans le cadre des Art. 60, nous travaillons avec les organismes qui accueillent les Art. 60: les services de la ville, de l'hôpital public, les associations, etc. Ce sont bien évidemment eux nos premiers partenaires. Ils apportent aux personnes leur expérience, leurs compétences, leurs formations qui justifient l'Art. 60, si celui-ci est si "bon marché" pour l'employeur c'est d'une part parce que le travailleur n'a pas les compétences, le rythme ou l'habitude d’être productif mais aussi par ce que l'employeur est censé le former. Le service d'insertion du Cpas essaie de suivre cela au mieux ! Pas un jour sans? Projet! ■ 1.Nombre de personnes ayant, dans les deux, trois ans gardé un contact avec l'em‐ ploi ou étant encore à l'emploi pendant ceie période donnée. Ce taux équivaut à peu près à un /ers des personnes ayant eu un contrat Ar/cle 60. Précarité: un concept flou l est intéressant de se souvenir que le fait d’être salarié a longtemps été une condition fort peu enviable, la rudesse de la (sur)vie n’en faisait pas un choix mais s’imposait à celui qui ne pouvait devenir maître (Lefresne, 2006). Le salariat était loin d’être une sinécure. Aujourd’hui, alors qu’il est devenu la matrice de la société moderne (Castel, 1997) et qu’une série de combats ont été menés avec succès et ont permis l’élévation et l’amélioration des conditions de vie de la plupart de nos parents, d’inquiétants fantômes envahissent la société contemporaine et nos esprits. En plein virage conservateur, les théories de Milton Friedman ont le vent en poupe et les politiques les appliquent à la grosse louche. Les stratégies de Lisbonne prévoient d’arriver à un taux d’emploi de 70 % mais nulle part on ne parle de qualité de l’emploi… Une odeur mélangée de sueur et d’inquiétude menace nos lendemains dans différentes sphères de nos vies. On la nomme “précarité”. Mais à quel démon avons-nous affaire au juste? Selon Bresson (2007), la précarité s’applique comme une catégorie à des situations sociales particulières telles que des personnes mal pourvues en termes de statut, de revenu, d’accès à l’emploi ou à l’éducation. Elle renvoie généralement au risque de dégradation de la situation sociale d’un individu alors que la pauvreté s’évalue sur base d’un seuil, montant calculé sur 60 % de la médiane du revenu national. La précarité est un concept flou, insaisissable et on peut vivre dans une situation précaire sans être nécessairement pauvre et inversement. Cependant, un certain consensus existe: la précarité se nourrit de l’incertitude récurrente quant à l’avenir, elle empêche à terme la possibilité de s’y projeter et génère instabilité, perte de confiance. Elle entretient avec la pauvreté ce point commun délétère: servir de bases à tout mécanisme d’exclusion sociale. Certains auteurs (Dejours (2007), Vanleuven (2010) n’hésitent pas à établir des com- Milton Friedman, économiste munautés entre tous les mécanismes américain, ardent défenseur d’exclusion et leurs conséquences par- du libéralisme. fois criminelles, sont toujours sources de douleur et de brutalité. En tous les cas, force est de constater que de plus en plus de personnes échappent aux mailles des filets d’un Etat de moins en moins protecteur et dans ses failles, les dispositifs associatifs peinent à répondre aux demandes et aux besoins vitaux des personnes. Le concept de précarité appliqué au contexte du travail renvoie à tout type de contrat excepté le CDI. Elle peut donc être liée à la nature juridique des contrats de travail mais également selon Paugam (1991) à une absence d’intégration dans la communauté professionnelle ou à un manque de reconnaissance salariale. Il est donc primordial, selon Mircéa Vultur, de tenir compte également de la qualité de l’emploi. De plus, un emploi à temps plein dans le secteur des services n’offrent pas nécessairement de meilleures perspectives qu’un temps partiel dans la haute technologie et inversement. Nous devons également tenir compte que certaines catégories professionnelles employées sous des contrats dits précaires ne le vivent pas comme une menace mais comme une liberté supplémentaire ! Dans le même ordre d’idée, une étude menée par Mercure et Vultur (2010) révèle que 66 % des jeunes de 18 à 30 ans choisissent un travail sur base de l’importance des relations avec les collègues, 63 % sur base d’une tâche intéressante et seulement 51,8 % jugent la sécurité de l’emploi comme une condition fondamentale. Par contre, faits remarquables: les contrats dits précaires concernent le plus souvent les femmes et les jeunes de moins de 25 ans. Ils sont également proportionnellement plus élevés pour les salariés faiblement qualifiés. Dans le cas des femmes, 47,5 % déclarent vouloir travailler à temps plein mais ne le font pas pour des raisons familiales et 32 % parce qu’elles n’ont pas trouvé un temps plein. On note également la persistance des inégalités salariales, concrètement, les femmes gagnent en moyenne 12 % de moins que les hommes pour un temps plein. L’écart salarial augmente avec le niveau d’instruction et sont particulièrement importants dans les secteurs suivants: gaz et électricité, secteur bancaire, fabricants d’équipements de radio, TV et télécommunication. Dans le secteur privé, une employée a en moyenne un salaire brut inférieur de 26 %. Dans la fonction publique, la principale inégalité entre les femmes et les hommes concerne l’accès à la nomination statutaire. Comment peut-on encore justifier de tels chiffres? En conclusion, sans nier les effets bien réels de la précarité sur la vie de tout un chacun, je m’interroge sur la valeur “opératoire” de ce concept flou et peu définissable. Quels sont finalement le sens et la fonction de produire ces discours sur la précarité ? A qui servent-ils ? Ne viennent-ils pas plutôt alimenter les discours dominants et pousser plus à l’impuissance qu’à la capacité de se saisir et de développer ses propres ressources et sa créativité face à des situations de vie souvent difficiles, parfois intenables. Décidément, la parcellisation des intérêts du collectif n’a pas fini de faire des dégâts sur notre possibilité de jouer contrepoids face aux conséquences des politiques capitalistes effrénées. ■ I 4 Epinglé STEP BY STEP Suite de la page 3 Décrivez précisément le type de contrat sous lequel vous avez été engagé. Horaires, CDD, CDI, interim, plan Activa, etc. Est-ce le premier du genre? C’est la première fois que je travaille en intérim avec le plan Activa; c’était une condition mise par Daoust à l’engagement. Je savais donc dès le départ que ce contrat était un remplacement pour congé de maternité çàd 3,5 mois avec éventuelle prolongation de 2 semaines que j’ai eue. Pour quelles raisons avez-vous accepté de travailler sous ce type de contrat ? J’ai accepté parce que c’était l’unique occasion, pour moi, de travailler dans ce domaine particulier du graphisme, d’apprendre le métier, de valoriser ou mettre en preuve mes compétences. “Infographiste print” à la Stib était un job qui me correspondait parfaitement. Pourriez-vous décrire les avantages de ce type de contrat? Apprendre le métier avec des professionnels, me baigner dans une équipe de travail performante. C’était une première très importante pour moi, l’occasion d’avoir une bonne idée du métier. Pourriez-vous décrire les inconvénients de ce type de contrat Je ne vois pas d’inconvénients spécifiques liés au job exercé. Par contre, c’est “l’après” qui me pose problème. Je ne m’y connais pas beaucoup en ce qui concerne les démarches qui suivent ce type de contrat (chômage, intérim, …). Tant que je n’aurai pas travaillé durant une longue période à temps plein, je ne récupèrerai pas mes droits complets au chômage. Quelles sont vos perspectives après ce contrat ? La Stib m’a rappelé en octobre 2011, à nouveau pour un CDD d’1 mois, cette fois, et toujours via Daoust. Il s’agissait d’un “renfort d’équipe”, sans plus, car les moyens financiers de l’entité “Communication/Production graphique” de la Stib ne permettait rien d’autre. Notez que si la Stib me rappelle aujourd’hui, je suis preneur tout de suite. caire. Cela ne m’avantage en rien, peut-être pas même au niveau de la pension… C’est un contrat qui n’assure aucun avenir, qui n’apporte pas de sécurité, pas d’épanouissement. Les rythmes émotionnels sont un peu changeants, brutaux, contraignants: c’est passer de “j’ai un job” à “je n’ai plus de job”. Quel est le métier que vous rêviez de faire? Artiste-peintre, artiste-musicien. A quoi attribuez-vous la différence entre votre rêve et le métier pour lequel vous avez dernièrement postulé? J’ai tenté le métier d’artiste-peintre via un travail personnel régulier dans la création. J’ai exposé dans une galerie d’art et me suis aperçu que ce n’était pas rémunérateur. L’infographie me permet de me rapprocher de l’art et de la création tout en pouvant espérer des débouchés et une sécurité de l’emploi. Vous êtes employeur, quelles sont les raisons pour lesquelles vous proposeriez ce type de contrat? Pour tester la personne. Si elle est Ok, je l’engage. Je ne me permettrais pas de me lancer avec un candidat dont je ne connais pas les compétences. Par ailleurs, ce contrat peut être intéressant pour combler un manque de personnel à un moment donné. Quelle a été la plus-value de votre accompagnement à la Milocs? J’ai pu faire une lettre de motivation, j’ai répondu à des questions pour me permettre de me positionner par rapport à l’emploi, je n’étais pas tout seul. J’ai eu le sentiment d’être aidé, d’accroître ma confiance en moi. Avec des petits exercices, petit à petit, j’ai pu lever certaines de mes contradictions. J’ai réalisé que je peux améliorer certaines choses (au niveau personnel et en lien avec la recherche emploi). “Pas un jour sans…” Une pause! ■ Quel est votre sentiment par rapport à ces perspectives? Je suis super angoissé car il y a de moins en moins de demandes en infographie, et lorsqu’il y en a, les exigences deviennent surréalistes: faire du secrétariat, recevoir des clients, jouer au réceptionniste, faire un peu de comptabilité, de vente-produit, etc. L’infographie ne représente plus qu’environ 40 % de la fonction, le reste étant affecté à d’autres tâches. Qu’est ce que cette expérience professionnelle vous enseigne? J’ai appris le métier et ai pris le bon côté tout ce qu’on m’a demandé de faire, j’étais comme un poisson dans l’eau, amusant! Même s’ils n’ont pas eu le temps de tout m’apprendre, moi j’ai bien appris, c’est tout bénéfice! A chaque étape et sur chaque logiciel je pouvais visualiser mes progrès. J’ai apprécié les remarques du responsable, j’en avais besoin pour avancer et pour moi, c’est aussi cela le travail en équipe, on parle, on partage le “travail”. C’était très enrichissant. Que signifie pour vous “contrat précaire”? Estimez-vous être dans ce cas? Contrat intérim = contrat pré- Les valeurs et engagements de la milocs énoncés dans une charte Issu du travail de concerta/on entre les membres de l’équipe, la charte de la Mission locale de Schaerbeek récapitule en un seul et même lieu ‐ et sous un format sympathique, nos va‐ leurs, nos mo/va/ons et nos prises de décisions. Notre charte cons/tue un puissant ou/l de communica/on à des/‐ na/on de nos partenaires quels qu’ils soient. Elle énonce claire‐ ment nos engagements profes‐ sionnels en/èrement dédiés à la réalisa/on d’un travail social de qualité, équitable, perfor‐ mant et enthousiaste. ■ Mission locale de Schaerbeek I 2011 INTERVIEW DE NERIMAN TAC, RESPONSABLE EMPLOI/FORMATION Retrouver la dimension citoyenne de notre travail Neriman Tac se prononce sur le thème de ce rapport et plus encore, sur sa vision du management. Des contrats Article 60, Activa, etc peuvent être rendus moins précaires lorsqu’ils s’inscrivent dans une politique de développement du potentiel de chacun. Une politique qui ré-ouvre le champ des possibles. eriman, depuis combien de temps es-tu en fonction au sein de la Milocs? Je suis en fonction à la Mission Locale, comme responsable emploi-formation, depuis février 2000. N Que signifie “travailler” pour toi? J’ai réfléchi un moment à comment répondre! Je suis allée voir quelques définitions et c’est extraordinaire comme ça “tire dans tous les sens”. C’est un mot qui suscite beaucoup d’intérêt mais les définitions que j’ai trouvées sont trop restrictives. J’ai personnellement opté pour trois approches: économique, sociale et existentielle. La première renvoie à la seule activité de production rémunérée : “tout travail mérite salaire” et à la notion juridique (conditions de travail liées au droit social). La deuxième renvoie à toutes les activités utiles pour la société comme le bénévolat par exemple. En fait, toute personne qui fait une activité. La dernière renvoie à la dimension existentielle (celle-là je l’aime bien!) que j’ai empruntée à Blaise Pascal dans ses “Pensées”: “le travail est un salutaire divertissement”. Pour lui, le travail constitue un paravent par rapport aux questions existentielles que l’on peut se poser. L’être humain ne peut rester sans occupation, sans divertissement ni sans activité parce que le repos le renverrait trop aux questions du néant. A mon sens, “travailler” regroupe ces trois dimensions avec plus ou moins d’intensité selon les moments de sa vie, ses priorités et le type d’emploi. Au niveau des actions/activités de la Mission locale, quel est ton regard sur 2011 ? J’ai le sentiment d’une consolidation. D’un renforcement des activités. Avec un travail plus en profondeur sur les définitions de fonction. C’est une année de classement, de rangement. Depuis 2010, année fatigante pour l’équipe, particulièrement pour l’Espace Emploi, je pense que l’équipe s’est ancrée: chacun a vraiment sa place, son individualité au sein du groupe. Il y a un renforcement au sens où je trouve l’équipe plus sereine, professionnelle, complémentaire. Il y règne une certaine harmonie. Qu’est ce qui selon toi évolue positivement à la Mission locale? L’équipe. J’en parle beaucoup parce qu’elle est la base de toute activité! J’ai l’impression qu’on est en train de profiter de tout le travail en amont. Nos premiers objectifs ont été de développer des filières: c’est atteint; développer le contact avec les employeurs et l’accompagnement à la recherche d’emploi: c’est atteint. On peut toujours développer davantage mais là, je ne vois pas très bien ce que l’on peut travailler d’autre. Peut-être créer un service de recherche et de développement. Le projet 10/30 évolue positivement aussi. Tout l’intérêt de celui-ci se situe dans l’ouverture à d’autres réseaux comme le milieu du spectacle et de la scène, et le secteur qui travaille avec les jeunes. Il nous apporte une bouffée d’oxygène, par son côté rafraîchissant. De plus, 10/30 nous motive à retravailler des questions méthodologiques, pédagogiques, de communication et nous force à remettre en question nos croyances. Il y a aussi le fait de pouvoir collaborer avec toute une série de structures qui n’ont pas de pratique en Insertion socioprofessionnelle et qui travaillent des dimensions plus citoyennes. Je pense qu’on a beaucoup à apprendre d’elles. La dimension citoyenne, c’est un peu à contre courant, non? Oui et c’est dommage. Le fait de travailler avec des jeunes va peutêtre nous rapprocher de ces dimensions plus citoyennes dont on s’éloigne de plus en plus dans notre domaine. Qu’est-ce qui par contre évolue négativement? La précarité sociale. Christine (coordinatrice d’actions transversales à la Mission locale) me disait ce matin, qu’elle avait reçu un certain nombre de personnes en permanence et que tous disaient être inquiets pour leur situation. Nous vivons dans un climat de peur et d’angoisse très peu propice à l’humeur positive! C’est clairement le manque d’emploi ainsi que le fait que les allocations sont conditionnées qui alimentent ces sentiments et laissent supposer que l’on se dirige vers une pauvreté croissante. Si tu portes ton regard sur la société belge, entre la date où tu es entrée en fonction à la Milocs et aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé selon toi? Vers 2002, on commençait à parler de l’Etat social actif, son ombre se profilait déjà. On le craignait mais il semblait encore loin. 10 ans plus tard, on est vraiment dedans! A l’époque on baignait encore dans un certain optimisme, à l’heure actuelle, l’Etat est de moins en moins “Providence” et chacun craint pour sa pension, pour son boulot, ses soins de santé, etc. Ces changements ont-ils généré d’autres pratiques pour la Mission locale et quelle est sa position? Oui. Clairement le contexte a influencé, influence et influencera encore notre manière de travailler. On est d’avantage dans une ère de la rationalisation et donc du contrôle. On a dû faire la preuve d’une série de choses, accumuler une série d’éléments: comptabiliser les personnes reçues, les lister, encoder leur profil, leurs demandes, notre réponse,… La mise à jour de la base de données dans le RPE (réseau plateforme emploi) permet de suivre le parcours de la personne demandeuse d’emploi, éviter qu’elle ne recommence plusieurs fois les mêmes activités. L’objectif du RPE est de gérer le parcours du DE (demandeur d’emploi). On peut y trouver de l’intérêt, le voir comme un outil d’accompagnement mais ces pratiques ne sont pas issues de l’associatif. Treize ans plus tôt, notre priorité n’était pas l’encodage, c’était l’entretien et le temps passé avec la personne. Le suivi du DE était consigné dans un dossier papier, point. Mais aujourd’hui, le temps consacré à l’administratif est au détriment du temps consacré à l’accompagnement. On est dans une surcharge et une imposition administratives de la part de toutes les institutions. On s’est ”bureaucratisé”. Des mots comme professionnalisation, démarche référentielle, cahier de charges, ordonnance, gestion de ressources humaines, gestion, résultats, sorties positives, font partie de notre vocabulaire, reflet d’une nouvelle philosophie de travail et de nouvelles pratiques. Ceci étant, je pense que l’on a aussi gagné à nous formaliser entre-autre dans le suivi de nos actions. Il est intéressant d’avoir des outils qui nous permettent d’analyser le profil de notre public, l’impact de nos actions, d’évaluer les résultats, etc. Ceci afin d’être au plus près des demandes et d’adapter notre offre. Autre aspect positif: la charge administrative est devenue telle que le travail des conseillers à lui seul ne suffit plus pour l’absorber. C’est ainsi qu’en 2009, nous avons pu engager une secrétaire s’occupant uniquement des tâches administratives propres au service ISP. Que t’inspire le thème de notre rapport d’activités: “précarisation du statut du travailleur”? Cela va dans le sens de ce que je disais précédemment. La précarité va de pair avec des contrats flexibles, à durée déterminée, etc. les gens ne savent pas construire leur futur avec des réponses à court terme. La pyramide des besoins de Maslow est toujours actuelle: on a besoin d’un toit, de manger, de se sentir protégé avant de pouvoir imaginer autre chose. Comment se sentir en sécurité avec des petits contrats et des temps partiels pour nouer les deux bouts? Ce n’est pas comme ça qu’on va faire des gens heureux! Où cela va-t-il nous mener? Les avancées sociales font des bonds en arrière : on revient à des petits contrats, des petits boulots, des petits salaires. Ce sera finalement comme au moment de la crise de 1929 où les personnes se pointaient le matin devant l’usine pour demander du travail et le contremaître l’offrait au travailleur qui “cassait” les prix ! Non, je ne suis pas très optimiste. Quelle est le point de vue de la Mission Locale par rapport à des “contrats précaires” Article 60, Activa, etc. Il y a “précaire” et “précaire”! Il ne faut pas tout jeter. Contrats PTP ou Article 60: si vraiment pendant cette période-là on a formé, donné des compétences pour que la personne puisse ensuite se po- sitionner sur le marché du travail, alors il s’agit d’un tremplin. En dehors de cette perspective, ce type de contrats constituent une utilisation de main d’œuvre à prix plancher, “jetable” après la durée du contrat. Mais restons optimiste pour les personnes qui ont peu ou pas d’expérience professionnelle, je pense que (presque) toute expérience, même à court terme, est bonne à prendre car elle peut être valorisable sur un Cv. Quelle est ta politique de management à l’égard des personnes qui sont engagées sous ce type de contrat? Deux personnes ont commencé sous contrat Article 60 au sein de mon service et ont été engagées en CDI. Je mise sur la formation en externe et en interne. Former quelqu’un demande du temps. Quand il est en formation à l’extérieur, il n’est pas à son poste de travail et donc n’effectue pas ses tâches. La formation en interne exige aussi du temps, de l’encadrement et de la patience. Former quelqu’un c’est du boulot! Si tu es dans la perspective de garder la personne, il faut investir un maximum de temps. L’idée étant de récupérer cet investissement en l’engageant après. C’est gagnant, tu as fidélisé un membre de l’équipe et en plus, tu l’as formé à ta manière. En dehors de cette perspective là, ça ne m’intéresse pas. Quelle est ta politique en tant que chef d’équipe et que fais-tu concrètement pour l’appliquer? “Ne pas s’emmerder au boulot!”. Cela signifie pour moi: trouver du sens et du plaisir dans ce qu’on fait. C’est important pour tous, pour la personne et son entourage, pour le demandeur d’emploi qu’il accompagne, pour les collègues et pour moi qui doit la gérer! C’est quand même plus intéressant d’avoir des gens satisfaits que des gens frustrés. J’essaye dans la mesure du possible de voir ce dont la personne a besoin pour bien travailler, en l’observant d’abord, en évaluant ensuite. Les évaluations sont des moments de bilans qui permettent d’ajuster les tâches ou de déplacer la personne de fonction quand c’est possible, faire progresser ses compétences. Le but étant d’utiliser son potentiel. Une personne satisfaite et motivée est une personne facilement mobilisable à qui on peut confier des projets, des tâches, des responsabilités. Mettre du cœur et du plaisir: c’est important dans le travail que nous faisons. En plus, vu le temps que nous passons à travailler dans une vie: 8 heures par jour, 11 mois sur 12, pendant 40 ans, c’est plutôt intéressant de ne pas s’emmerder. Si tu t’ennuies durant ta carrière, c’est une partie de ta vie que tu gâches. Aujourd’hui, quel message enverrais-tu aux jeunes concernant le travail? Comme il est essentiel de trouver du plaisir dans ce que l’on fait, il est important de savoir ce que l’on a envie de faire et en général, cela passe par des études. Donc n’arrêtez pas vos études. Et si c’est le cas, je leur dirais : “Venez à la Mission locale!” “Pas un jour sans…” Un autre jour. ■ Epinglé 108.0000 chômeurs à Bruxelles pour... 3.000 offres d’emploi! Militant né, ardent dénonciateur des dégâts du capitalisme débridé et de ses dirigeants, Lazaros mêne ses combats avec conviction de son poste de permanent interprofessionnel à la CSC. L azaros, présentez-vous en deux mots. Depuis combien de temps êtes-vous en fonction à la CSC? J’ai été engagé en novembre 2006 comme gestionnaire de dossiers dans un Centre de Services à la CSC et j’y suis permanent interprofessionnel depuis janvier 2010. Mon rôle est de sensibiliser nos membres au militantisme afin d’aboutir à une action locale qui améliorerait le bien-être aussi bien de nos membres que des habitants de la commune. Le but de l’action locale est d’agir sur la société dans son ensemble. Dans ce cadre, j’anime également une section locale. Nous tentons de créer des synergies, créer des ponts avec d’autres associations pour faire connaître nos actions qui visent à agir sur la ville et ses habitants: logement, emploi, mobilité… Cela s’inscrit dans un concept que l’on a développé avec un collègue: le syndicalisme urbain. Il a pour vocation de créer des liens entre les différentes institutions dans la ville, qui à leur tour, susciteront du lien entre les gens. se demande pourquoi l’Allemagne avait tant insisté pour que la Grèce fasse partie de la zone Euro lors de sa constitution? Qui se demande si la BCE avait bien fait son travail? Est-il possible que la BCE n’ait pas été au courant de la situation financière de la Grèce. Et si oui, nous pouvons nous poser des questions concernant ses dirigeants. On finit par condamner les plus faibles. En Belgique, on saucissonne les attaques contre les groupes sociaux, afin de jouer sur les divisions. Pourtant, vient un jour “où l’on sera avalé” et il sera trop tard. La société belge tend vers une précarisation, voire un appauvrissement de certains de ses membres. Qui s’en soucie? On détourne le regard ou l’on baisse la Lorsque vous portez Octobre 2011: Scènes dʼémeutes à Athènes, un regard sur la so- dʼautres suivront... ciété belge, qu’est-ce tête en espérant éviter le pire. Qui qui a changé depuis que vous désire s’investir dans l’action afin êtes en fonction ? d’empêcher le démantèlement de Ce qui a certainement changé notre modèle social? c’est l’environnement global et général. Au niveau européen, perQue vous inspire notre thème de sonne ne se soucie de ce qui se rapport d’activités “Précarisapasse en Grèce. Lorsqu’on en tion du statut du travailleur?” parle, on entend fréquemment: “la Je pense que malheureusement Grèce a triché, c’est de sa faute”. c’est la réalité pour bon nombre de La situation y est pourtant très travailleurs que nous rencontrons difficile. Des enfants, qui ne peudans les Centres de Services. De vent pas prendre un petit déjeuner plus en plus, les personnes cumucorrect, tombent d’inanition à lent des temps partiels. D’autres, l’école; des parents sont obligés de lorsque elles travaillent dans le caplacer leurs enfants dans des instidre de contrats Activa ou bénéfitutions pour qu’ils soient bien cient de compléments versés par nourris. Qui se soucie de cela! Qui FormaQons qualifiantes: le prix à payer En 2011, la Mission locale de Schaerbeek a coordonné deux filières de forma/on (Assistant dentaire et Poseur de toitures végétales) et a été partenaire de deux autres (Assistant phar‐ macie et Auxiliaire de l’en‐ fance). La coordina/on d’une filière re‐ présente au minimum l’équiva‐ lent d’un mi‐temps et demande entre‐autres qualités, pa/ence, énergie et réac/vité tant sur le plan du suivi des stagiaires que sur le plan du développement du projet. C’est le prix à payer pour élaborer et mener des projets de qualité, conformes aux aientes des stagiaires comme à celles des em‐ ployeurs. La plus‐value des forma/ons qualifiantes de la Milocs réside dans la valorisa/on de la per‐ sonne dans sa globalité ainsi que dans l’accompagnement étroit dont elle bénéficie tout au long du processus de forma‐ /on. Car c’est bien de cela dont il s’agit: suivre une forma/on n’est pas seulement acquérir des compétences profession‐ nelles transposables sur le mar‐ l’ONEm, voient une partie de leur salaire prise en charge par l’employeur et l’autre par l’Etat. Ce qui fait qu’une partie du salaire est perçue à la fin du mois et l’autre vers le 10 du mois. Aujourd’hui, lorsqu’on voit cette multitude de petits contrats, le CDI n’est plus la norme mais l’exception. Quelles sont les causes de ce phénomène de précarisation du statut du travailleur? Au début des années 2000, Franck Vandenbroucke ramène de son séjour en Angleterre la notion d’ “Etat social actif ”. En résumé: “Vous êtes responsable de ne pas trouver un emploi. S’il n’y en a pas? c’est votre faute”. Aujourd’hui, la Ministre de l’emploi poursuit dans ce sens : “Il y a de l’emploi pour tous mais la plupart du temps ce sont les personnes qui cherchent mal”. Finalement, cela renvoie constamment au fait que les chômeurs ne sont que des paresseux et qu’ils ne font qu’apprendre à utiliser le système, qu’ils ne sont que des profiteurs. Le poids de cette responsabilité discrédite complètement les personnes et l’on finit par expliquer le mal-être social actuel en condamnant un groupe en particulier. Cependant, sur le site d’Actiris on comptabilise, en moyenne, 3.000 offres d’emploi pour +/- 108.000 chômeurs à Bruxelles. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Nous donnons un mandat aux politiciens afin d’agir positivement sur la société, qu’ils créent un futur meilleur. Que font-ils de nos attentes, de nos rêves? Quelles sont selon vous les causes du phénomène de précarisation du travail ? Milton Friedman ! Sa pensée s’est progressivement imposée à partir des années ‘80 au détriment des théories de Keynes. Les dirigeants ont instauré des règles qui permettaient aux plus riches de le devenir encore plus. Je pense que c’est ce basculement qui nuit fortement à la cohésion sociale. Quels sont les avantages de ces nouveaux accords gouvernementaux? Il n’y a pas que du mauvais. Par contre au niveau de l’emploi je ne vois personnellement rien de bon. J’ai peur que l’on démantèle un système qui a prouvé que cette société a progressé. Il faut espérer que les rêves du XIXe siècle ne deviennent pas les cauchemars du XXIe siècle. Vous parlez de salaire, de salariat, peut-on résumer le travail à cela? Pour les personnes qui ont le choix, le travail peut être une passion, une activité gratifiante. Pour celles qui n’ont pas le choix, le travail s’envisage sous l’angle étymologique : “Tripalium” qui était un objet de torture. On est obligé Lazaros Goulios devant lʼantenne de la Csc, rue Royale Sainte Marie à Schaerbeek. ché de l’emploi, c’est aussi se transformer, renforcer sa confiance en soi, redevenir fier de soi et de ce que l’on fait. C’est finalement retrouver plus de moyens et donc, poten/el‐ lement plus d’autonomie et de liberté. En juin et en octobre 2011, nous avons organisé les drinks de fin de forma/on des ses‐ sions d’As‐ sistant en pharmacie et d’Assis‐ tant den‐ taire. 15 sta‐ giaires, sur 27 entrés en forma/on, ont reçu leur cer/fi‐ cat de quali‐ fica/on d’Assistant en pharma‐ cie et 10 stagiaires, d’accepter un emploi à n’importe quelles conditions. Au mot travail, je préfère le mot emploi. La notion d’emploi induit de la qualité. On ne peut pas résumer la qualité d’un emploi à un salaire. Toutefois, le salaire est un outil puissant en matière d’émancipation sociale. Si le travail est une valeur, il faut la lui attribuer à hauteur de ce qu’on lui donne. pourrait permettre de restaurer un certain équilibre. A force de répéter les choses, elles deviennent des vérités. Ex.: “les pensions sont impayables”. Pourtant, il y a des gens qui disent d’autres choses! Il faut parfois s’ouvrir à d’autres pensées comme par exemple : “le salaire continué, parce que le simple fait d’être humain vous y donne droit”. La meilleure façon de lutter contre la précarisation, c’est de veiller à une meilleure répartition de la richesse nationale, de restaurer un équilibre entre capital et revenus du travail dans leur participation à la richesse nationale. Quels sont selon vous les moyens de lutter contre le phénomène de précarisation du travail? Revoir notre rapport au travail, changer de paradigme: toute personne doit travailler pour elle et pour être reconnue. Ne pas considérer le marché uniquement comme un “marché” mais comme une rencontre entre un travailleur et un employeur. On ne peut résumer les choses à une perspective économique, il y a une perspective interactionnelle. Le travailleur doit être reconnu pour son travail, dans sa personne et rétribué à hauteur de ce qu’il produit. Il faut rétablir un équilibre dans le rapport entre l’employeur et le travailleur. Il faut faire disparaître le facteur de précarité du monde du travail: le chômage de masse. La réduction du temps de travail Quel regard portez-vous sur l’Isp en général et les Missions locales en particulier? Je ne connais pas encore suffisamment ce milieu mais l’Isp permet à certaines personnes d’évoluer et de s’affranchir de certaines conditions du monde du travail. Les Missions locales ont une charge peu évidente: essayer de trouver et proposer des emplois, ce qui à mon sens, sont des actions porteuses d’avenir. Votre formation en “Pose de toitures vertes”est un exemple très enrichissant, particulier et novateur. Quelles seraient vos propositions de collaboration (entre votre syndicat et l’Isp)? Susciter une collaboration qui permettrait d’aboutir à la création d’entreprises d’économie sociale, des centrales d’achats, etc. Quelle est votre position par rapport aux aides à l’emploi (y compris les titres-services)? Concernant les titres-services, tant que ceux-ci sont une émana- sur 13 entrés en for‐ ma/on, ont reçu leur aiesta/on de fin de forma/on professionnelle d’Assistant dentaire. ■ Merci, ArQcle 27! “Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs; à l’inverse, c’est de l’isolement que meurent les ci‐ vilisa;ons”. Octavio Paz. C’est pour 5 octobre 2011: Remise des attestations de fin de formation qualifiante aux Assistantes ceie raison que la dentaires de la troisième session. Milocs apprécie de travailler avec l’asbl nité démocra/que: la culture Nos différences font Ar/cle 27! En 2011, les per‐ accessible à tous et permeiant notre idenQté sonnes des groupes d’orienta‐ une ouverture des horizons par L’envie de par/ciper ac/vement /on ainsi que des filières de l’échange et les rencontres. au jeu sur l’échiquier des rela‐ forma/on ont toutes pu béné‐ Merci aux membres de l’asbl /ons sociales existe pour la ma‐ ficier de ceie réelle opportu‐ pour leur implica/on! ■ 5 tion de l’Etat, ça ne pose pas de problème car, les personnes qui travaillent pour les titres-services et qui emploient des personnes dans ce cadre-là respectent un contrat de travail et ses règles. Par contre, lorsque ce sont des entreprises privées qui bénéficient de tous les avantages des entreprises communales ou d’état, elles gardent tous ces avantages sans contribuer non plus aux inconvénients de la tâche, sans parler des abus. Concernant les Ale, cela permet à certains demandeurs d’emplois trop âgés et éloignés du marché de l’emploi d’améliorer leur quotidien, de mettre du beurre dans leurs épinards. Ce sont des personnes qui en ont bénéficié qui m’ont dit que c’était bien. Concernant les aides à l’emploi en général, elles n’aident pas le travailleur mais l’employeur à éviter sa participation au niveau de la sécurité sociale. C’est la collectivité qui prend en charge un salaire alors que le salaire est à la charge de l’entreprise donc de l’employeur. Je ne trouve pas normal que vous, moi, versions de l’argent à l’état qui in fine le rétribue à un employeur pour qu’il engage quelqu’un. Le vrai problème est que sans cela l’employeur n’engagera personne. Que diriez-vous aux jeunes d’aujourd’hui? J’ai 4 enfants et je crains pour leur futur. Je crains qu’ils ne se retrouvent comme l’un des personnages des romans de Zola, Balzac ou Dickens. Malgré tout ce que j’essaye de faire, je pense que la société que je vais leur transmettre et qu’on m’a transmise n’est plus aussi attrayante. Elle est en tout cas moins “inclusive” que dans les années ‘70lorsque j’ai pu bénéficier de son ascenseur social. Il y a lieu de s’inquiéter, mais ce n’est pas pour autant que les choses ne peuvent pas changer. Il faudrait peut-être envisager des actions plus dures. Je n’ai pas l’impression qu’on se rende compte qu’une guerre sociale se prépare. Pas un jour sans… Ne pas baisser les bras. Toujours essayer d’avancer, de continuer à marquer un but Une référence à Thomas Edward Lawrence : “Ceux qui rêvent éveillés réalisent leurs rêves”. ■ Le film d’une année INTERVIEW DE LAZAROS GOULIOS, PERMANENT INTERPROFESSIONNEL RÉGIONAL À LA CSC STEP BY STEP 20 11 jorité des per‐ sonnes q u e n o u s rencontrons à la Milocs et ne tergiversons pas, le travail reste une voie royale d’intégra/on dans la société! Cependant, nous n’avons pas tous le même rapport au travail, ni le même bagage ou la même expérience de vie ni enfin la même force de travail. Reconnaissons que nos différences font notre iden/té, sa force et que c’est par elle que passe notre capacité à nous in‐ terroger et à nous améliorer. Le projet “APS” (Accompagne‐ ment d’un Public Spécifique1), auquel la Milocs a répondu pour la 2e année consécu/ve, tente de prendre en compte les réalités par/culières de chaque Suite en page 6 6 STEP BY STEP Le film d’une année 20 11 Suite de la page 5 personne rencontrée afin de l’accompagner vers l’horizon de l’emploi ou de la forma/on. Respecter la singularité des per‐ sonnes, leur rythme, leur par‐ cours tout en tenant compte des nombreuses contraintes du marché de l’emploi: flexibilité, uniformisa/on, manque d’em‐ ploi, etc., telle est l’ampleur du défi relevé par Chris/ne Marce‐ lis, conseillère en Isp à la Mi‐ locs. Créer du lien entre des condi‐ /ons somme toute contradic‐ toires: pression et exigences de résultats, et complexité des par‐ cours et des situa/ons. Entre contraintes administra/ves et matura/on personnelle, Chris‐ /ne navigue avec les personnes afin d’accompagner celles qui le souhaitent à la réalisa/on de leur demande: Approcher ou réintégrer le monde du travail avec tout ce qui fait leur iden‐ /té et leur histoire. Et en 2011, “à cœur vaillant, rien d’impos‐ sible”, Chris/ne y est parvenue même plutôt bien! Dans ce projet spécifique où la charge de travail génère par sa nature de nombreuses tensions et contradic/ons, il est indis‐ pensable de penser en équipe, par le biais d’interven/ons, la façon d’être le plus efficace pos‐ sible afin de donner sens au projet d’inser/on de personnes dont le parcours personnel et familial est souvent très chao‐ /que. Penser le projet APS nécessite le main/en d’un savoir théo‐ rique applicable dans le champ de la santé mentale ainsi qu’un temps de forma/on con/nue incluant des échanges réguliers avec les collègues. ■ Walls&Streets Dernière année pour les Aepp L’année 2011 a été la dernière pour ceie ac/on. Malgré la per/nence du projet, l’ac/on ne sera pas reconduite en 2012. La Milocs a choisi de re‐ diriger ses forces sur d’autres priorités, notamment les APS (voir plus haut). Ceie ac/on permet à 20 per‐ sonnes inscrites comme cher‐ cheuses d’emploi de bénéficier d’une orienta/on et d’une dé‐ termina/on professionnelle en entre/en individuel. Les objec‐ /fs sont aieints lorsqu’à l’issue de cet accompagnement, les personnes ont défini un projet professionnel précis, réaliste et réalisable en concordance avec leurs affinités et leurs ap/‐ tudes; et qu’elles ont acquis les méthodes et ou/ls permeiant Christine Marcelis, conseillère en Isp et coordinatrice dʼactions transversales à la Milocs. de s’insérer ou de se réinsérer sur le marché du travail via l’ac‐ cès à une forma/on et/ou à un emploi. Ces 20 personnes bénéficient tout au long du processus d’un sou/en étroit de la part d’un travailleur de la Milocs. Le suivi dure environ 20h et est répar/ sur trois mois. De plus, il est intéressant de no‐ ter que ce service ne s’adresse pas aux mêmes personnes que celles de nos groupes d’orienta‐ /on, des condi/ons objec/ves et/ou de sensibilité personnelle rendant leur par/cipa/on diffi‐ cile à un groupe de 8 semaines, à raison de 3 journée et ½ par semaine. ■ 1. APS signifie accompagnement dʼun public spécifique. Cʼest une catégorie administrative créée dans le cadre dʼun appel à projet lancé par Actiris en 2009 et visant à accompagner des personnes présentant des problématiques de santé mentale et/ou physique. Mission locale de Schaerbeek I 2011 LES TROUVAILLES DE LOUISE & L’ESTAMINET frais. Et le pire c’est que je peux me tromper dans mon choix d’arrêter l’un plutôt que l’autre. “Etre tout à la fois formateur, modérateur, et employeur! C’est énorme!” Louise s’investit sans compter dans différentes entreprises et projets. Elle y laisse à chaque fois une touche très personnelle et un sens inégalé de la convivialité. D epuis quand le restaurant “Les trouvailles de Louise” existe-t-il? Depuis septembre 2009. J’ai commencé avec une société de commerce de gros du nom de “Market Breaks”, ensuite il y a eu un magasin, une épicerie fine, un salon de thé et au final la petite restauration. Pourquoi avoir transformé votre salon de thé en restaurant? Parce que j’ai identifié un besoin: j’ai eu énormément de demandes. Je me suis dit: “Pourquoi pas! Dans le quartier il n’y a rien, rien que des durums et des frites”. Sous quel type de contrat avezvous engagé quelqu’un? Indépendant. C’est un peu particulier parce que la personne en question a la nationalité Bulgare. Les Bulgares sont des européens, mais ils ne peuvent pas obtenir un contrat de travail en Belgique! Je me suis adressée au Ministère de l’Emploi afin de savoir comment l’engager et la seule possibilité était d’obtenir une dérogation… Cela semblait peu vraisemblable. Le choix de cette personne a donc été de devenir indépendante. Elle travaille avec moi, mais aussi chez plusieurs autres. Elle preste 4h à 5h par jour ici. Possédait-elle déjà de l’expérience ou avez-vous dû la former un peu ? Après 10 ans passés en Belgique, travaillant dans un snack turc elle n’a jamais dû apprendre le français. J’ai voulu lui permettre d’avoir un travail convenable et, en même temps, lui apprendre la langue. C’est sûr qu’au début il y a eu beaucoup de mic-mac, d’incompréhensions… mais en trois ans, elle s’est vraiment accrochée en plus de s’être améliorée. En 2011, vous avez décidé d’ouvrir un autre endroit où manger, “l’Estaminet”, et vous avez fait d’autres expériences en termes d’engagements. Cette fois vous avez voulu passer par d’autres circuits de recrutement. Oui, il s’agit plus d’une sandwicherie. J’ai eu l’opportunité d’ouvrir ce second endroit; il fallait donc trouver des gens pour la cuisine et pour la salle. J’avais la chance d’avoir parmi mes clients des gens de la Mission Locale, ils ont été informés de mes besoins en termes de personnel et ont proposé leurs services. Ils m’ont envoyé des candidats. Quel type de contrat proposeriez-vous? Des CDD. Un temps plein pour la cuisine et un mi-temps pour la personne en salle car “l’Estaminet” est ouvert uniquement de midi à 15h. La plupart des candidats qui se sont présentés avaient déjà de l’expérience. Ils étaient 4 au total. Cela a-t-il tout de suite bien fonctionné avec les candidats ? Non. Les premiers jours de la personne sélectionnée pour la cuisine ne se sont pas très bien passés : elle devait réfléchir au niveau salaire, n’était pas d’accord sur le temps de travail proposé (il a été fixé par le secrétariat social). Elle a donc fini par refuser l’offre en me prévenant... un dimanche! Vu la clause d’essai j’ai pu facilement rompre le contrat mais je me suis sentie comme un patron pris en otage! Rien pourtant de ce qui était proposé n’était illégal. L’investissement demandé pour sélectionner et former ses personnes vous paraît-il un luxe dans une TPE comme la vôtre ? Evidemment, c’est un luxe. Je suis à la fois le Rh, le formateur, le modérateur, l’employeur, etc. C’est énormément de temps. Vous avez donc dû vous retourner très rapidement. Qu’avezvous fait alors? Je me suis empressée d’appeler la Mission locale qui m’a envoyé deux autres candidats. J’ai dû prendre une décision immédiatement, je n’avais pas le choix. Un pari fait à chaque fois sur les personnes… Est-ce qu’on a le choix ? Vous vous êtes adressée à d’autres organismes que la Mission Locale pour recruter du personnel? Non. En fait je travaille beaucoup par le bouche-à-oreille parmi les clients. Etiez-vous au courant des primes ou des incitants à l’embauche octroyés ? Oui et non. Je n’avais pas plus de détails, tout comme l’ONEm d’ailleurs qui ne sait pas trop quoi vous répondre. Lʼappétissante vitrine du n° 290 de la rue Josaphat. Je pars du principe qu’il y a un minimum d’ “investissement” à faire. Vous ne pouvez pas avoir quelqu’un d’exceptionnel au départ, parce que même si la personne possède une expérience exceptionnelle, elle doit s’adapter à votre établissement, à votre façon de travailler, à votre fonctionnement, etc. Vous avez décidé de remettre “Les trouvailles de Louise” et de continuer avec “l’Estaminet”. Est-ce une conséquence de tous vos problèmes de recrutement? La première raison de ma décision est très personnelle: je voulais retrouver du temps pour moi et pour ma famille. A coté de cela, je fais mon calcul d’entrepreneur. Mon histoire d’amour avec “Les trouvailles” est terminée, j’y ai fait tout ce que j’avais envie de faire. De plus, l’engagement de personnel m’a coûté énormément d’argent, de temps et d’énergie, je préfère arrêter les On peut rappeler ici que vous venez du privé. Vous vous êtes lancée comme indépendante dans un domaine qui faisait plus partie de vos hobbies. Exact mais j’ai toujours grandi dans une ambiance d’indépendants. Mes parents, mes frères et sœurs sont indépendants! J’ai rencontré beaucoup de personnes qui se sont aussi lancées dans le monde de la cuisine sans s’y connaître particulièrement mais je ne me considère pas comme une “business woman”. Peut-être à tort car au final c’est quand même une (très petite) entreprise! L’aspect administratif prend énormément de temps. C’est un aspect que je n’aime pas du tout. Si vous n’êtes pas discipliné, ça peut vous manger. Qu’évoque pour vous le terme d’Isp ? Les gens qui n’ont pas de travail ont une chance de retravailler. Pas juste d’un point de vue alimentaire, mais aussi du point de vue “développement personnel”. C’est donc donner la chance aux autres de réintégrer le cercle du travail. Pour vous, demain c’est ...? Demain est un autre jour (rires). Plus sérieusement, je suis quelqu’un de très organisée par rapport à mon futur. C’est pour ça aussi que j’arrête “Les trouvailles”: je veux me reconvertir à mes 50 ans et ce n’est pas au lendemain de mon anniversaire qu’il faut que je change. On pourrait donc trouver une toute autre Louise travaillant dans un tout autre domaine d’ici 10-15 ans? Ce sera plutôt seule? Pas nécessairement. Je n’utiliserai pas le mot engager mais plutôt collaborer. Etre patronne ça m’embête beaucoup; je n’aime pas diriger des gens. Par contre, j’ai un esprit d’équipe, et me retrouver avec d’autres sur la même vague… Cela me plairait! La hiérarchie, je n’aime pas. ■ ■ LES TROUVAILLES DE LOUISE 290, rue Josaphat ■ L’ESTAMINET 147 Chaussée de Haecht CONTACT ENTREPRISE Devenir un partenaire privilégié des entreprises Espace Emploi: 203 personnes coachées en 2011 L’espace emploi de la Mission Locale est occupé par 5 conseillers et un coordinateur chargés d’accompagner individuellement les per‐ sonnes qui le désirent vers l’emploi. En 2011, 203 personnes ont été coachées par nos conseillers, avec une légère supériorité numérique de femmes. Il y a neiement plus de CDD que de CDI comme en témoigne le gra‐ phique ci‐dessous. En effet, les personnes coachées ob/ennent dans 30% des cas un CDI et dans 60% des cas un CDD. La propor/on de femmes et d’hommes qui souscrivent un CDD est sensiblement iden/que dans nos sta/s/ques, contrairement à la tendance générale. Nous observons également qu’un pe/t pour‐ centage de personnes accompagnées (10 %) entrent en forma/on qualifiante. Les secteurs dans lesquels les personnes ont décroché un emploi varient en fonc/on du genre et du type de contrats. Ainsi, pour les hommes, le secteur Horeca engage plus sous forme de CDI et les transports proposent plus fréquemment des CDD. Concernant les femmes, le secteur de la santé se trouve en tête des offres de CDI tandis que le secteur de la pe/te enfance et du neioyage propo‐ sent plus fréquemment des CDD. ■ E n 2011, ceie ac/on a été principalement ré‐ par/e sur trois travail‐ leuses de la Milocs: Nayke Ekofo, Nathalie Gravet et Sindy Lopez. C’est une ac/on récente puisqu’elle apparaît en tant que telle à la fin de l’année 2010. Les objec/fs finaux du “contact entreprise” consistent à fidéli‐ ser les entreprises et entretenir une rela/on la plus constante et régulière possible afin de deve‐ nir un partenaire privilégié dans leurs processus de recrutement de personnel. En amont de ces buts, les contacts permeient de faire connaître les ac/vités de notre associa/on, de décou‐ vrir les différents profils de per‐ sonnel, les réalités du mé/er et les exigences des employeurs en vue de réaliser la meilleure rencontre possible entre les en‐ treprises et nos candidats de‐ mandeurs d’emploi. Idéale‐ ment, ce travail débouche sur des contrats d’embauche. Le “contact entreprises” s’étaye sur d’autres ac/ons de la Milocs telles que les filières de forma‐ /on, le coaching emploi, hub économia, etc. ou des ac/vités plus ponctuelles telles qu’un “Jobday”. Ces dernières définis‐ sent l’orienta/on sectorielle à privilégier dans les contacts avec les entreprises. En 2011, les secteurs par/culièrement inves/gués ont été le médical, la pe/te enfance, le neioyage et l’horeca. Idéalement, la pros‐ pec/on devrait se réaliser éga‐ lement en fonc/on de la taille des entreprises. Nos prospectrices remarquent que les employeurs ont été plus frileux à l’embauche que les an‐ nées précédentes et n’ont pas fréquemment offert de CDI dans les premiers temps. De plus en plus souvent, ils cumu‐ lent les CDD en vue d’un CDI. Elles notent que les missions in‐ térimaires, les contrats PTP et les FPI ont augmenté. Ceci étant, les types de contrats proposés varient fortement en fonc/on du secteur et de la fonc/on. L’ac/on est es/mée en bonne progression, les prospectrices gagnent en expérience et en ai‐ sance. Les challenges restent la créa/on de partenariats fiables ainsi que la responsabilisa/on et l’implica/on des entreprises dans leurs procédures de recru‐ tement. En effet, comme le souligne Nathalie Gravet: “Le feed‐back que donnera l’entreprise suite à un contact avec l’un de nos can‐ didats permet de nous ajuster et d’accroître notre efficience et notre efficacité. Il permet de mieux connaître les besoins de l’entreprise or certaines ne com‐ prennent pas toujours le sens et le bénéfice pour elle.” Nos trois prospectrices s’accordent à dire qu’idéa‐ lement il faut privilégier les contacts di‐ rects mais que cela leur demande du temps. Enfin, les sec‐ teurs por‐ teurs d’avenir semblent de plus en plus difficiles à iden/fier pour notre public peu qualifié. ■ Le film d’une année 20 11 DéterminaQons ciblées: le groupe est un ouQl pédagogique à part enQère ! Ceie ac/on permet de prépa‐ rer les stagiaires à l’entrée en forma/on qualifiante. L’anima‐ teur aide les stagiaires à confir‐ mer leur choix d’orienta/on professionnelle ainsi qu’à lever les appréhensions liées à des échecs poten/els. En pra/que, les qualités d’ani‐ ma/on sont, ici plus qu’ailleurs, mises à l’épreuve afin de créer une dynamique de groupe po‐ si/ve qui permeira à chacun d’être porté par le groupe et d’y trouver des ressources tout au long de la forma/on. Pendant la semaine de “déter‐ mina/on ciblée”, l’animateur sou/ent chaque stagiaire indi‐ viduellement tout en déployant le poten/el du groupe. Ce der‐ nier est un ou/l pédagogique à part en/ère. Pour les par/ci‐ pants, il joue le rôle de matrice rela/onnelle permeiant une évolu/on posi/ve de la percep‐ /on de leurs compétences, de leur confiance en eux et de leur es/me d’eux‐mêmes. En 2011, 3 travailleurs de la Mi‐ locs ont réalisé, 3 détermina‐ /ons ciblées entre autres ac/vi‐ tés, et au total 49 stagiaires ont eu l’occasion d’en bénéficier. ■ Le coaching formaQon en 2011: année de la vitesse de croisière Chris/ne Marcelis, conseillère en Isp à la Mission locale depuis plus de 10 ans, est responsable, entre autres ac/vités, du coa‐ Walls&Streets ching forma/on. Ceie ac/on est pour elle l’occasion de ren‐ contrer un public qui a déjà par‐ couru un bout de chemin en ma/ère d’emploi et/ou de for‐ ma/on. En outre, elle apprécie tout par/culièrement de réali‐ ser ceie ac/on ! Chris/ne répond à des de‐ mandes concernant des forma‐ /ons très précises ou recou‐ vrant l’ensemble d’un secteur d’ac/vités. Cela permet aux personnes suivies dans ce ca‐ dre, de développer leurs connaissances des disposi/fs existants. En effet, les entre‐ /ens permeient de clarifier les condi/ons objec/ves de la for‐ ma/on choisie (durée, horaires, indemnisa/ons, etc.) et de pro‐ poser un sou/en aux personnes dans leurs démarches d’inscrip‐ /on. Le coaching dure en moyenne de 1 à 4 entre/ens et 80% des personnes se présentent au 1er entre/en. Chris/ne accom‐ pagne également, à certaines condi/ons, des personnes qui souhaitent mener en parallèle une recherche d’emploi. En 2012, Chris/ne souhaiterait augmenter sa visibilité du suivi global en obtenant notamment plus de feedbacks des per‐ sonnes. Elle envisage de ren‐ contrer à nouveau les centres de forma/on partenaires. ■ Jst/Milocs une collaboraQon fructueuse Outre notre partenariat sur la filière de forma/on “Pose de toitures végétales”, JST et l’Es‐ pace emploi de la Milocs sou‐ /ennent la recherche de stage et d’emploi de tous les sta‐ giaires de l’asbl Jeunes Schaer‐ beekois au Travail. Ceie colla‐ bora/on réside dans la fruc‐ tueuse entente de deux travail‐ leurs au service des personnes en forma/on qualifiante. En 2011, plus de 80% des sta‐ giaires ont effectué leur stage et sont à l’emploi ou en recherche emploi. ■ Grop: renforcer la moQvaQon, l’esQme et la confiance en soi Les groupes d’orienta/on professionnelle cons/tuent un ou/l in‐ tégré qui permet de susciter auprès du public une importante réflexion sur l’ensemble de ses savoirs et sur ses capacités d’ac/on dans le présent. Ils permeient également de déterminer les meil‐ leures stratégies pour développer son avenir professionnel. En 2011, 6 groupes d’orienta/on professionnelle (Grop) d’une durée de 2 mois chacun ont été cons/tués à la Mission locale de Schaer‐ beek. Chaque groupe d’orienta/on réunit 12 adultes demandeurs d’emploi et permet, par étapes successives, de guider ceux‐ci vers le choix d’une ac/vité professionnelle réaliste et adaptée à chaque personne. Ceie approche interac/ve et par/cipa/ve, axée sur le renforcement de la mo/va/on, de l’es/me et de la confiance en soi ainsi que sur la valorisa/on de ses compétences, permet finalement au public de devenir acteur de son propre projet. Chaque candidat est soutenu dans la recherche d’un stage d’obser‐ va/on en vue de tester son choix professionnel ainsi que dans l’iden/fica/on des forma/ons liées à son projet. Il est en outre sen‐ sibilisé aux techniques de recherche d’emploi. Autant d’acquis et d’atouts qui donneront des jours heureux au futur boulot de notre choix. ■ STEP BY STEP NAMASTHE “On ne devient pas patrons d’une très petite entreprise comme ça, du jour au lendemain” Il y a deux ans, Béatrice et Patrick ont effectué le grand saut en ouvrant Namasthé, un commerce de quartier, bio et équitable. Récit d’une aventure épique, histoire d’un rêve devenu réalité. éatrice, vous avez ouvert Namaste il y a combien de temps? Le 5 juin 2010, il y aura donc deux ans au mois de juin. B Quel est le projet de l’établissement? L’idée d’ouvrir un salon de thé germait depuis 20 ans mais je ne l’avais jamais concrétisée pour toutes sortes de raisons. Lorsque j’ai rencontré Patrick je lui en ai parlé et l’idée est restée dans un petit coin de nos têtes. Un espace se libère avenue Louis Bertrand, vous prenez votre décision d’ouvrir “Namasthé” mais il n’est pas encore question de repas cuisinés? Non, je voulais faire des petits déjeuners et des pâtisseries et éventuellement faire connaître des produits comme des jus frais ou des thés. Une fois le projet remis et accepté par le propriétaire, tout a été très vite: démission le lendemain et deux mois pour concrétiser car il fallait commencer à payer le loyer. C’était dur. Administrativement rien n’était évident: créer une société, sous quelle forme, qui, quoi, le notaire, la commune, les permis d’urbanisme, la police, la Sabam, etc. Et là, actuellement, Patrick et toi êtes donc associés ? Oui, à 50-50. C’est donc une Sprl. On a signé le bail et, ensuite on a fait tout le reste, ce qui normalement aurrait dû être l’inverse, mais nous n’avions pas le choix. Un couple d’amis nous a renseigné une comptable/fiscaliste qui s’est avérée très précieuse dans l’élaboration du projet. Nous étions décidés à payer quelqu’un d’un peu plus cher pour garantir que tout soit fait correctement, en temps et en heure. Nous ne le regrettons pas du tout, à chacun son métier. Ni l’un ni l’autre n’aviez jamais travaillé dans l’horeca? Non, absolument pas. Avant nous étions salariés tous les deux, dans la consultance. Ouverture le 5 juin et? … les gens sont venus. On a la chance d’être bien situés et apparemment nous répondions à un besoin dans le quartier. J’habite celui-ci depuis 20 ans et étant née à Schaerbeek, j’avais vraiment envie de concrétiser ce rêve ici. Jamais je n’aurais ouvert mon magasin dans une autre commune. Nous vivons ici, nos enfants se rendent à l’école ici, nous y avons tout un réseau d’amis, etc… C’était évident: il fallait créer un commerce de quartier ici. Il s’agit d’un commerce bio. De combien de tables disposezvous? Il y a aujourd’hui 14 places. Le fait que l’on puisse discuter avec des gens du quartier, les rencontrer, Patrick et moi, on adore ça. L’idée c’est de faire connaître les produits présents en salle: confiture, café, thé… Le samedi par exemple on a pas mal de gens qui viennent bruncher avec des enfants, ça marche très bien et c’est très gai. différent tous les jours, j’en fais un par semaine, des trucs très simples. On a engagé des étudiants, pour les jours des “paniers légumes” et, depuis peu, nous venons d’engager quelqu’un, 13heures/semaine pour le magasin. Il s’agit d’un CDI avec une période d’essai de 6 mois; c’est ce que nous a conseillé le secrétariat social. Comment avez-vous procédé pour engager cette personne? Il s’agit en fait d’une personne qui avait travaillé chez nous comme étudiant et qui, au sortir de ses études, cherchait du boulot. C’est dur de sauter le pas au niveau financier. A partir de quel moment engager? Sous quel contrat? Avec ou sans formation? Je sais qu’il y a des possibilités d’embauche via Activa et toute une série de primes mais trouver la bonne personne par ces réseaux ne semble pas évident. De plus quand on est très petit on a moins le droit de se tromper que quand on est plus gros. C’est le risque. On a déjà moins de budget et si par exemple la personne engagée est malade pendant longtemps, il faut trouver une personne pour la remplacer mais continuer à payer en partie la personne absente, etc. Dans l’absolu j’aimerais engager quelqu’un pour m’aider dans la cuisine mais il faut trouver une candidate ou un candidat réellement motivé(e)…. J’ai voulu engager une personne sous condition Activa et quand celle-ci a vu ce qu’elle allait gagner elle a préféré renoncer. Quelle est la part de la restauration par rapport au magasin? Pas même un 5ième. Notre plaisir c’est de rencontrer des gens et de faire découvrir des produits. Nous ne sommes pas un restaurant. Et heureusement d’ailleurs, car toute la famille vit de ça et à 7 agréables. L’idée est aussi que lapersonne se sente responsable et impliquée; que ce soit un plaisir autant pour nous que pour elle. Pour nous, il faut que le travail ait un sens. On ne travaille pas seulement pour l’argent. C’est une motivation bien entendu, mais pas la seule. Il faut qu’il y ait du plaisir ! Isp: qu’évoque ce terme pour vous? Des personnes qui auront plus de difficultés à s’insérer dans le milieu professionnel; une aide à la recherche d’activités qui puissent leur convenir et leur permette de se retrouver dans le système. Nous avons eu une personne envoyée par la Mission locale: elle a réalisé un stage d’observation active pendant 10 jours qui lui a permis de se confronter au milieu du travail, au cadre, c’est une excellente chose. Sans ce type d’expérience beaucoup risquent de se casser la figure. Depuis peu, en 2011, et dans un périmètre assez restreint, pas mal de commerces du même genre se sont ouverts… Oui. Moi, c’est grâce aux “Trouvailles de Louise”(voir article p.6): quand j’allais chez Louise, je me faisais la réflexion: “si elle a osé, pourquoi pas moi!”. Il y a certainement eu effet boule de neige. Et d’autre part il y a des gens qui ont acheté dans le quartier parce que nous étions déjà là. Parce que le quartier change, qu’il y a une vie différente, des rencontres possibles, etc. Moi c’est mon truc! On est deux et on adore! Pour terminer… Il y a une chose importante que je voulais dire encore c’est qu’on s’est rendu compte de ce que c’est d’être “un patron”. Et on n’est pas “patron” comme ça, du jour au lendemain. Dire ce qu’on veut, ce qu’on ne veut pas. Ce n’est pas évident, c’est un apprentissage. Il est important que les choses se passent bien dans un cadre bien délimité, avec un contrat clair. Nous avons dû l’apprendre avec les étudiants et aussi avec la nouvelle personne engagée. Pour éviter des interprétations erronées, pour que la personne aussi se sente plus à l’aise, il est essentiel d’évaluer les besoins bien à l’avance, chose que nous aurions été bien incapables de faire il y a un an. Ce qui nous a aussi aidé, voire même sauvé, c’est au moment où l’espace d’à côté était à louer (la future librairie 100 papiers ndlr). Les gens nous poussaient à agrandir… Nous avons beaucoup Béatrice en cuisine et Patrick à la terrasse de ce chaleureux commerce de quartier. Rêvé il y a plus de vingt ans le salon hésité, pris du recul et de thé est devenu commerce “bio” et petit restaurant. avons décidé de consolider, rester petit pour rester performant. deux ce serait trop compliqué de Si vous deviez engager plus de Au départ, étant deux, vous Namasthé reste donc un projet personnel encore, sous quel type gérer uniquement de l’horeca. n’envisagiez pas d’engager du sur mesure, qui se fait dans l’acde contrat le feriez-vous et à qui personnel? Le temps et l’énergie consacrés tion et c’est un cheminement vous adresseriez-vous? Non, malgré qu’au début ça a été à la recherche et à la formation personnel tout à la fois. Nous sommes informés grâce au très dur. Nous ouvrons 5 jours/sed’une nouvelle personne vous Toutes nos décisions visaient à secrétariat social. Encore une fois, maine mais travaillons en réalité paraît-il un luxe pour une très rester le plus fidèles à nous on s’est fait la réflexion: ce n’est 6jours/semaine puisqu’il faut petite entreprise comme la vôpas notre métier, ce sont des mamêmes. ■ s’occuper d’une multitude d’autre? tières très complexes, utilisons les tres choses le jour de fermeture. Non, à vrai dire, je trouve ça nor■ NAMASTHÉ services d’un secrétariat social, du En cuisine, j’ai donc dû rectifier mal, cela fait partie des choses 25 avenue Louis Bertrand moins pour la base. le tir aussi: à la place d’un menu 8 Walls&Streets STEP BY STEP “Le système manque réellement de souplesse, de flexibilité” ascale, vous avez ouvert "The place to" le 15 septembre 2010; avant tout pourquoi ce nom? Le but était de créer un lieu de convivialité, en l'appelant "the place to" ("l'endroit") et en y ajoutant graphiquement quatre petits cubes " eat, taste, discover, enjoy" tout était dit en anglais. J’évitais ainsi aussi le choix d’une des langues nationales. De plus, nous sommes situés sur la place Colignon, donc "the place" aussi. Les gens disent: "On va au "place", soit au "snack bio", soit "chez Pascale". P Quel était le projet de l’établissement? J'étais active dans un groupe de presse et je n’y retrouvais plus mes valeurs . A cela, s’ajoute une prise de conscience par rapport au secteur de l’agro-alimentaire, la malbouffe; j’avais envie de prouver que d'autres options sont possibles en terme d’alimentation et, qu’en plus, il existe des personnes qui travaillent proprement, équitablement . Une opportunité s’est présentée; le lieu était libre. Je me suis lancée pour l’ouverture d’un espace pouvant contenir 35 places assises en plus de personnes qui choisissent, achètent et emportent leur plat. L’importance des charges et coûts salariaux n’a pas empêché cette entrepreneuse déterminée de mener à bien son projet et de prouver qu’il est possible de proposer une alternative en restauration “bio”. après entretien, je n’ai pu engager la première retenue pour des raisons administratives (apparues deux jours avant l'ouverture!). J’ai donc contacté la n°2 sur la liste, mais cela ne l’intéressait plus, et me suis donc retrouvée avec la seule n°3 qui, elle, était en fin de prestation “Article 60” chez Cannelle (restaurant social) et avait encore 15 jours à prester… Tout cela à 2 jours de mon ouverture! En fin de compte, Nayke m’a encore envoyé deux personnes. L'une d'elle n'avait aucune expérience et l'autre avait travaillé chez Cannelle comme “Article 60”. Le contrat pour le poste de commis de cuisine était un temps partiel de 6h par jour à durée indéterminée avec période d’essai d'une semaine. Elle a démarré le lende- jourd’hui, le plan est terminé et c’est très dur de couvrir l’entièreté des coûts liés à un CDI temps plein ( salaire, ONSS, fonds social et de garantie Horeca, etc. Après cette expérience d’engagement plutôt chaotique, que pensez-vous de l'énergie dépensée pour la sélection, la formation, ... ? La sélection demande une énergie, un investissement énorme, mais je ne vois pas comment faire autrement, et ce n'est certainement pas un luxe. Dans une autre vie professionnelle, durant deux ans et demi, j'ai été responsable de la sélection, du recrute- Avez-vous immédiatement pensé à engager du personnel? Oui, dès le départ. Seule ce n'est pas pensable. Il faut quelqu'un pour l'accueil et quelqu'un d’autre en cuisine, d'autant que nous faisons tout nous-mêmes. Nous n’achetons rien de préparé, prérâpé, pré-découpé. Tout cela demande énormément de manipulations et de travail et donc seule c'est impossible. A l’époque, étiez-vous informée des aides à l'embauche existantes pour le type de personnel que vous désiriez engager? Oui de manière générale, j'ai été au GEL - Guichet d'économie locale - qui m'a envoyé à l'ALE et puis à la Mission locale de Schaerbeek (Milocs), et j'étais, personnellement, au courant de certains dispositifs. Je n'avais aucun apriori par rapport à certaines primes mais savais vouloir donner une dimension sociale à l'entreprise. J'ai décidé de travailler avec la Milocs afin de permettre à quelqu'un de mettre le pied à l'étrier et de donner une chance à une personne en chômage longue durée ou ayant peu de formation. Quelles étaient vos exigences de départ? Il me fallait quelqu'un possédant une formation Horeca ainsi qu’une expérience en cuisine. D'autant plus que moi je n’en possédais aucune. L’expérience a-t-elle été concluante dès le départ? Non, on a dû s'y reprendre à plusieurs fois. J’ai commencé par rencontrer Nayke, conseillère emploi à la Milocs. Le contact fut super. Elle m’a proposé de faire une séance d’info avec une vingtaine de candidats potentiels qui répondaient à mes critères. J’ai exposé le projet et le concept (bio); tous n'étaient pas intéressés. Des trois candidates sélectionnées Pascale et Godelieve sous lʼenseigne de ce sympathique resto “bio” situé à deux pas de la Maison communale de Schaerbeek. main et . tombait malade deux mois plus tard! Le certificat s’est prolongé de semaine en semaine. Difficile de s’organiser dans de telles conditions. Je me suis débrouillée pour trouver des personnes voulant bien venir travailler en durée déterminée et me dépanner au pied levé, et puis, une connaissance de chez Bruxelles formation m'a dirigée vers Actiris qui m'a envoyé un nouveau candidat. Je l'ai vu trois fois et ai même fait l'effort de passer à un contrat temps plein (en sachant ce que cela représente comme coûts supplémentaires: ONSS, congés, etc ...). Tout était ok pour lui. Il allait commencer un lundi et … a fait téléphoner un de ces amis le jeudi précédent pour me faire savoir que, tout compte fait, il gagnait quand même plus au chômage avec un complément en noir et n’allait pas venir travailler au place to! In fine, je suis retournée voir Nayke, nous avons recontacté Godelieve (la n°3 des candidates retenues lors de la première sélection). Elle était disponible et intéressée de venir travailler au place to en CDI temps plein , et ce malgré qu’elle a déménagé entretemps à Opwijk (plus d’une heure de trajet matin et soir en transport en commun). Elle bénéficiait alors d’un plan Activa, Au- ment et de la formation du personnel de la Sabena. Ce n’est donc pas moi qui vous dirais le contraire; enfin de compte, c'est du temps gagné. Godelieve, possédait l'expérience, elle a de nombreuses idées et se révèle créative. Elle a découvert le "bio" et de nouveaux légumes! Tout ce concept et cette approche "bio", c'est aussi un plus pour elle. Ce qui a changé pour vous en vous dirigeant vers un commerce Horeca? D'abord, j'ai découvert l'étendue des coûts et des charges en rapport avec la législation sociale. Secundo, je peux vous affirmer que dans l'Horeca, on est encore très loin des restaurants qui serviront de la nourriture propre et saine aux clients. Acheter ce qu’ils proposent chez les grossistes Horeca (par exemple des kilos de carottes rapées ou des légumes pré-découpés emballés sous plastique), c'est nettement moins cher que d'engager quelqu'un pour le faire. Au “Place to” nous avons fait un autre choix: nous allons acheter les légumes "bio" bruts, les ramènons préparons tout ici. Insertion socioprofessionnelle, qu’évoque le terme pour vous? Un but plus que louable et des moyens nécessaires mais je ne suis pas sûre que les gens qui en bénéficient se rendent compte de l'opportunité. Par ailleurs, je pense que certains employeurs ne respectent pas l’esprit de ce parcours d'insertion ; ils ne s’en servent que pour les avantages qu’il procure. A mes yeux, donner une chance supplémentaire à quelqu'un qui a eu un parcours scolaire ou professionnel chaotique, ou qui n'a pas eu de chance , cela en vaut la peine. Ici, Godelieve est fière, contente d'avoir un boulot et une reconnaissance. Vous employez dans une structure dite "très petite entreprise”, à votre avis, pourriez-vous envisager d'engager une personne supplémentaire dans un avenir proche? Non. Clairement, je n'en n’ai pas les moyens et je ne me permets pas d’alternative. Pour moi, le travail doit être reconnu, la personne protégée, sécurisée à quelque moment de la journée que ce soit et moimême, en règle. Gare à toute autre f o r m e d'aide, famille, amis, même pour quelques heures en dépannage. Je me suis renseignée au secrétariat social pour pouvoir engager quelqu'un 10h/semaine en fonction de certaines demandes (par exemple en soirée) et dans ce cas, un CDD de 10h/semaine, il faut annoncer les horaires au moins une semaine à l'avance chaque fois! C’est impossible! Ce système manque réellement de souplesse, de flexibilité. Dès lors, je pense chercher un(e) étudiant(e), c'est un statut un peu plus flexible au niveau des prestations encore faut-il trouver quelqu’un de fiable avec un bon contact client, un sens de l’accueil… sinon c'est pire que mieux! Demain, un engagement CDI supplémentaire? Non, vraiment, je ne peux pas. Alors, demain pour vous, c’est quoi? Mon rêve ultime est que ce lieu soit un véritable lieu de convivialité, qu'on puisse y faire plein de choses, pas uniquement manger, mais aussi se rencontrer au sein d’un quartier commun... on a du mal à mélanger tout le monde. Depuis 2010, pas mal de petits restos ont vu le jour dans le quartier, et ceci, sans concertation, et c'est très chouette: “Namasthé”, “Gaspi”, “Place to”, “A la maison”, ... En tous cas, sachez que je serai toujours prête à accueillir un stagiaire de la Milocs pour qu’il se familiarise avec le travail en Horeca et ce type de restauration non-industrielle que je veux pratiquer. Avoir un autre regard sur ce que l'on fait, un échange de pratiques et d'idées c’est important, essentiel même. ■ ■ THE PLACE TO 16-18 place Colignon Le film d’une année THE PLACE TO 20 11 La permanence de la Mission locale ou l’importance de l’accueil La permanence de la Milocs est ouverte du lundi au vendredi de 9h à 12h, sauf le mercredi. Elle est accessible à tous, sans ren‐ dez‐vous et sans dis/nc/on de public. Nous sommes bien évi‐ demment spécialisés dans les demandes liées à l’emploi, la forma/on ou l’orienta/on pro‐ fessionnelle mais il nous arrive d’être sollicités pour d’autres types de demandes telles que le logement, l’endeiement, etc. Nous travaillons alors, comme toute associa/on aujourd’hui, avec divers réseaux de parte‐ naires. La permanence de la Milocs est un espace d’accueil qui permet à la personne d’exprimer sa de‐ mande dans le respect, le non‐ jugement et la confiden/alité. Elle implique d’ouvrir un espace d’écoute: se rendre disponible à la demande de la personne avec empathie. Pourtant, fréquemment, nous ne pouvons accéder directe‐ ment au souhait du public, par‐ /culièrement concernant l’em‐ ploi. Nous n’avons pas de ba‐ gueie magique pour créer au‐ tant d’emplois qu’il y a de per‐ sonnes qui souhaitent travailler. Nous conseillons alors, le plus adéquatement possible, la per‐ sonne afin qu’elle mul/plie les moyens nécessaires à la réalisa‐ /on de son objec/f profession‐ nel. Nous sommes également obligés d’orienter une par/e du public vers d’autres services car nous n’avons clairement pas les ressources pour absorber tout le monde. Dans ce cas de fi‐ gure, nous prenons minu/euse‐ ment le temps de contacter l’or‐ ganisme partenaire afin d’éta‐ blir un contact personnalisé avec la personne. Enfin, ceux qui le souhaitent peuvent revenir à notre perma‐ nence autant de fois qu’ils en éprouvent le besoin. Nous cher‐ chons une réponse adaptée à leur nouvelles demande. ■ La formaQon JEEP a 6 ans Née en 2005, la forma/on dont l’objec/f est d’an/ciper la transi/on des jeunes entre l’école et le marché du travail, Mission locale de Schaerbeek I 2011 RAPPORT RÉALISÉ PAR LE SERVICE COMMUNICATION DE LA MISSION LOCALE DE SCHAERBEEK ÉDITEUR RESPONSABLE: ETIENNE NÖEL ; PLACE COLIGNON, 1030 BXL NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE IMPRIMÉ SUR PAPIER RECYCLÉ propose trois modules d’exer‐ cices. Ces derniers cherchent à favoriser la matura/on des choix professionnels des jeunes qu’à les doter d’ou/ls concrets applicables dans toute situa/on scolaire ou pro‐ fessionnelle. Aujourd’hui, forts du recul et de l’expérience de 6 années, ani‐ mateurs et coordinateur visent à améliorer les résultats de la forma/on. Suite au constat du fait que certains exercices ne correspondaient pas aux at‐ tentes des jeunes, les anima‐ teurs de JEEP travaillent à la créa/on d’un nouveau syllabus ainsi qu’à de nouvelles ma‐ nières d’aborder les contenus afin d’en accroître la per/‐ nence. A l’heure actuelle, cer‐ tains modules sont déjà en phase test alors que d’autres sont encore en gesta/on. ■ JEEP en chiffres En 2011, 90 groupes ont été or‐ ganisés dans 39 établissements scolaires et 1316 élèves ont été sensibilisés par ceie approche. A Schaerbeek plus par/culière‐ ment, notre animatrice, Elmas Demir, a co‐animé 10 groupes composés en moyenne de 14 élèves. ■ 3 thèmes pour 3 concertaQons entre partenaires de l’Isp Trois concerta,ons zonales1 ont été organisées en 2011. Le 01 juin 2011 de 9h à 13h. “Les muta*ons du travail social dans le secteur de l’ISP liées à la précarité croissante du public”. Ceie ma/née a permis grâce au concours d’intervenants de grande qualité de pointer une série de constats essen/els dans notre secteur. L’absence d’emploi a un impact néga/f direct sur la construc/on de l’iden/té sociale de l’individu ainsi que sur son iden/té sub‐ jec/ve. De plus, les poli/ques actuelles ne facilitent pas la tâche des travailleurs sociaux car elles prônent l’urgence et la remise au travail alors que le temps et la rela/on sont i n ‐ contournables; entrainent la caducité des droits les plus fon‐ damentaux et la “procédurisa‐ /on” du travail social au détri‐ ment de la rela/on. L’endeie‐ ment vital est également l’une des conséquences les plus mar‐ quantes parmi les personnes les plus fragilisées. Le 16 novembre 2011 de 13h30 à 17h30 “La guidance en ISP” L’après‐midi a permis de meire principalement en évidence les différentes pra/ques liées à la guidance dans les différents OISP et la nécessité de penser son travail de façon collec/ve au travers d’intervisions et de supervisions. Enfin, tout le monde s’accorde à dire que le public en ISP présente de plus en plus fréquemment des pro‐ bléma/ques de santé mentale. Le 16 décembre 2011 de 9h à 17h30. “Educa*on Permanente (Ep) et Inser*on Socioprofessionnelle, quels mariages possibles?” Quelles ar/cula/ons sont pos‐ sibles entre l’Isp et l’EP tenant compte du décret (2003) fixant la finalité des ac/ons en Educa‐ /on Permanente. Que met l’Isp en place pour contribuer à l’épanouissement de la per‐ sonne sur les plans profession‐ nel, personnel et citoyen? Les dis/nc/ons entre Isp et EP s’ac‐ croissent de plus en plus car les logiques et les évolu/ons du marché de l’emploi ont un im‐ pact direct sur ces deux sec‐ teurs. Certaines ac/ons, telle que l’alphabé/sa/on ne ren‐ trent pas dans le cadre du nou‐ veau décret d’EP, or pourquoi apprend‐on à lire et à écrire si ce n’est pour par/ciper à la vie sociale, culturelle et citoyenne d’un pays. Le désir de scinder les deux sphères EP et Isp semble plutôt provenir des pouvoirs publics, cela ne correspond pas aux réa‐ lités et aux besoins du terrain : les travailleurs pointent l’im‐ portance de l’EP dans les ac‐ /ons de l’Isp et ce afin de tra‐ vailler les aspects de vie sociale, culturelle et citoyenne. Il a aussi été rappelé que l’EP est une philosophie et non un ou/l. ■ 1. Concerta;on zonale: lieu de réflexion et de coordina;on des poli;ques et des ac;ons des opé‐ rateurs ISP de la zone (en l’occurrence nous concernant : zone Schaerbeek/Evere/Saint‐Josse) CoordinaQon sociale: une acQvité d’échanges d’informaQon et de rencontres Chaque rencontre est alimen‐ tée par un thème prédéfini, en 2011 les sujets abordés ont été les MENA (mineurs étrangers non accompagnés), les consul‐ ta/ons ONE, AMOS, le Projet 107. Lieu d’appren/ssage et de ré‐ flexion puisque plusieurs groupes de travail fonc/onnent notamment sur les ques/ons liées aux personnes sans‐abris, au Cpas ou à l’élabora/on du guide CASS. Selon Chris/ne Marcelis, déléguée par la Mi‐ locs pour par/ciper à ceie ac‐ /vité, il serait intéressant d’or‐ ganiser une journée de ré‐ flexion sur les liens entre travail et santé mentale. ■ La Mission locale ce sont ... Schaerbeek Au coeur de lʼemploi Douze collaborateurs engagés sous statut d’"agent contractuel subven/onné", le reste de l’équipe étant financé par des pouvoirs subsidiants tels que la com‐ mune de Schaerbeek, le Fonds social européen, la Co‐ cof, la Communauté française, Ac/ris Partenariat, le Maribel social ainsi que l'asbl Réduire et Compenser. Les effec/fs comptent égale‐ ment deux employés occupés sous statut “Ar/cle 60”: un dans le service communica/on et l’autre dans l'espace emploi. Concernant la dimension du genre, le secteur non‐marchand a la par/cularité d’avoir une importante présence féminine parmi ses travailleurs et la Mission locale ne fait pas excep/on en la ma/ère étant donné qu’elle compte 18 femmes dans ses rangs, soit 78 % de l’effec/f total (23 personnes). Pour faire face à une professionnalisa/on grandissante de certaines fonc/ons, une large majorité de ses collaborateurs (76 %) dispose d’une forma/on supérieure ou universitaire. L’ensemble de son per‐ sonnel jus/fie d’une réelle exper/se de terrain dans de nombreux secteurs et témoigne d’une polyvalence et d’une flexibilité subs‐ tancielles. ■ ■ Merci à tous ceux qui ont participé à lʼélaboration de cette édition. Merci plus particulièrement à Lola, Dina, Zohra, Barbara, Maria, Françoise, Christine et Marc qui ont souvent trouvé du temps en dehors du temps...